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Histoires Web mercredi, novembre 6
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Pour son deuxième long-métrage après Revenge (2018), qui mettait à l’honneur le film de genre dans une approche féministe, Coralie Fargeat poursuit dans la même veine avec son nouveau film, prix du scénario à Cannes.

Quelle a été votre formation ?

Je voulais être réalisatrice depuis l’âge de 16 ou 17 ans et présenter le concours de la Fémis [Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son], mais il fallait avoir bac + 3. J’ai donc passé le concours de Sciences Po Paris. En dernière année, j’ai assisté à un tournage de film. J’ai parlé au premier assistant en lui disant que je voulais faire un stage. Quelques mois plus tard, il m’a appelée. Il cherchait une stagiaire pour un film américain qui se tournait en France, à Paris et dans le Luberon. J’ai sauté sur l’occasion. J’ai continué.

Je suis passée deuxième assistante et j’ai commencé à écrire des scénarios pour moi tout en inventant des sujets courts pour des émissions de télévision. Mon premier court-métrage, Le Télégramme, a été très remarqué en festival. Mon problème était que je voulais surtout faire des films de genre, et en France, vous ne trouvez pas d’interlocuteurs pour ça. Mon premier long-métrage, Revenge, devait être simple et peu coûteux. C’était un scénario très linéaire. Je voulais des scènes qui me permettraient d’aller au bout de mes idées et de mes obsessions.

Comment expliquez-vous votre goût pour le cinéma de genre ?

Ce sont les univers non réalistes qui me plaisaient sans doute parce que je me sentais très inadaptée et timide dans la vraie vie. L’imaginaire et le voyage me faisaient me sentir vivante. Créer du faux avec du vrai m’excitait.

Comment l’idée de « The Substance » est-elle née ?

C’est une idée qui m’habite depuis que je suis enfant. A quoi doit-on ressembler quand on est une fille. Pour moi, ça n’a jamais été évident. J’étais plutôt inadaptée par rapport à un modèle féminin dominant. Je me suis dit aussi : « Quand j’aurai passé 50 ans, ma vie sera finie, plus personne ne va me regarder. » Ça m’a déprimée et je me suis dit qu’il fallait que j’en fasse quelque chose. Le succès de Revenge m’a ouvert des portes et j’ai trouvé ainsi la liberté de m’exprimer sur ce sujet. J’ai eu davantage conscience aussi qu’il y avait la possibilité de poser un regard délibérément féminin voire féministe sur le monde. Une femme, quand elle sort dans la rue, ne peut pas oublier son corps, contrairement à un homme.

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