Meilleures Actions
Histoires Web mardi, novembre 5
Bulletin

TikTok devra s’expliquer devant la justice française. Lundi 4 novembre, sept familles ont annoncé, par la voix de leur avocate Laure Boutron-Marmion, assigner le réseau social chinois devant le tribunal de Créteil. Ces familles « dénoncent toutes la même chose, la dégradation de l’état de santé physique et mentale de leurs enfants », a expliqué cette dernière sur Franceinfo.

Selon les plaignants, TikTok promouvrait, par le biais de son algorithme personnalisé de recommandation de contenus, de nombreuses vidéos encourageant les troubles alimentaires, l’automutilation et le suicide, notamment auprès de ses plus jeunes utilisateurs. Ils s’appuient pour cela sur les trajectoires de sept adolescentes françaises familières de la plateforme et victimes de troubles psychopathologiques, tels que l’anorexie.

Agées de 15 ans, deux d’entre elles ont mis fin à leurs jours. La mort en 2021 de Marie avait provoqué en septembre 2023 le dépôt par sa famille d’une première plainte contre TikTok pour « provocation au suicide ». Pénaliste spécialisée dans la défense des mineurs, l’avocate Laure Boutron-Marmion représente également la famille dans cette procédure pénale distincte.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Sur TikTok, l’effet « terrier de lapin » inquiète la Commission européenne et les ONG

L’algorithme de TikTok mis en cause

Depuis, l’avocate a fondé en 2024 un collectif intitulé Algos Victima, qui regroupe des familles de « victimes des réseaux sociaux » et a « pour ambition de responsabiliser les entreprises de médias sociaux ». Dans le cadre de l’assignation en justice de TikTok, le collectif dénonce le potentiel « addictif » de l’application de ByteDance ainsi que son manque de modération des contenus liés au suicide, à l’automutilation et aux troubles alimentaires.

Est particulièrement pointé du doigt l’algorithme du réseau social chinois qui, sur la base d’interactions avec un certain type de contenus, génère par le fil « Pour toi » des recommandations similaires pouvant se révéler néfastes. « J’avais commencé à me faire du mal, à me scarifier et j’ai liké des contenus qui parlaient de chansons tristes, témoigne auprès de Franceinfo l’une des sept adolescentes concernées par la procédure. Après sont arrivés des contenus d’incitation à l’automutilation, au suicide ou de choses comme ça… »

Contacté par Le Monde, le tribunal judiciaire de Créteil n’a pas souhaité communiquer. TikTok, de son côté, ne s’est pas publiquement exprimé au sujet de cette assignation en justice en France, et n’avait pas donné suite aux sollicitations du Monde au moment de la parution de cet article.

En septembre dernier, TikTok participait, avec les entreprises Meta (maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp) et Snap (propriétaire de Snapchat), à la création d’un programme visant à endiguer la prolifération de contenus encourageant l’automutilation et le suicide. Baptisé Thrive, ce dernier doit permettre à ses entreprises membres de se signaler mutuellement des contenus de ce genre.

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés Ecrans et risques pour la santé des enfants : ce que dit la science

Le Monde

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.