Des derniers jours de campagne rythmés par le flot d’insultes de Donald Trump
Les derniers jours de cette campagne sont en grande partie rythmés par les flots d’insultes et de gestes vulgaires produits par Donald Trump et les membres de sa campagne.
Pour Robert C. Rowland, professeur spécialisé dans la rhétorique politique à l’université du Kansas interrogé par l’Utah News Dispatch, c’est une stratégie voulue par le candidat républicain, qui articule sciemment son message autour « de la peur, la colère, l’amertume et la vantardise ».
La dernière agression verbale en date concerne la républicaine Liz Cheney, qui soutient Kamala Harris, visée par Donald Trump lors de deux meetings, jeudi dans l’Arizona et vendredi dans le Michigan.
Dans une interview avec l’ultraconservateur Tucker Carlson, ancien présentateur de Fox News et chauffeur de salle de sa campagne, il l’avait qualifiée de « faucon » pour avoir soutenu plusieurs guerres et ajouté : « Mettons-la fusil en main face à neuf canons d’armes lui tirant dessus. Voyons ce qu’elle en penserait. Vous savez, avec les armes braquées sur elle. »
Sentant qu’il avait touché un nerf sensible, il a dès le lendemain réabordé le sujet, sous les applaudissements de ses partisans : « Si vous donniez un fusil à Liz Cheney et que vous la mettiez sur un champ de bataille, face à l’autre camp, avec les fusils pointés sur elle, elle n’aurait ni le courage, ni la force, ni l’endurance nécessaires pour regarder l’ennemi dans les yeux. »
Liz Cheney lui a répondu, vendredi, le décrivant comme « un dictateur ». « Nous ne pouvons confier notre pays et notre liberté à quelqu’un de mesquin, cruel, vindicatif et instable qui souhaite être un tyran. »
Etait-ce l’insulte de trop ? Vendredi, la procureure générale de l’Arizona, la démocrate Kris Mayes, a annoncé « examiner » si les propos de Donald Trump pouvaient être considérés comme une menace de mort dans cet Etat.
Aura-t-elle un impact électoral ? Voici l’analyse de Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos :
« Des épisodes aussi majeurs que la condamnation de Trump en justice ou la tentative d’assassinat dont il a été la cible n’ont, malgré les propos de nombre de commentateurs, eu qu’un effet très marginal et surtout très temporaire sur les intentions de vote. C’est d’ailleurs normal dans une situation de polarisation très forte : les deux électorats sont “fossilisés”, et il n’y a presque pas de flux entre eux.
Cela ne veut pas dire que ces récents événements ne peuvent pas jouer un rôle, surtout si l’élection se décide, finalement, sur quelques milliers de voix dans un ou deux Etats-clés. Si le scrutin se décide en Pennsylvanie avec une marge très étroite, on pourrait faire l’hypothèse que la polémique sur Porto Rico (il y a environ 500 000 ressortissants de ce territoire américain dans l’Etat) aura décidé du sort de l’élection.
Mais, fondamentalement, on ne pourra pas véritablement le prouver tant l’impact sera limité. «
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