En fait, l’électorat de Donald Trump est composé de trois grands groupes. D’un côté, sa base radicalisée, dont on peut dire qu’elle lui voue un véritable culte et qui repose sur un électorat plutôt rural, issu des classes moyennes inférieures. Ils sont avant tout motivés par l’aspect antisystème du candidat républicain et par son discours nativiste et anti-immigration. Une petite partie de cet électorat votait d’ailleurs pour les démocrates jusqu’en 2016, à une période où les candidats républicains – George W. Bush, John McCain puis Mitt Romney – ne « politisaient » pas ou très peu les questions migratoires et où les enjeux économiques et sociaux comptaient le plus dans leur vote.
Au sein des deux autres groupes, le vote en faveur de Donald Trump se fait parfois davantage à reculons. Il y a évidemment les électeurs évangéliques blancs, pour lesquels tout se joue sur les questions de conservatisme moral. Ils n’ont pas de grande affection pour Donald Trump, un candidat dont la vie personnelle n’est pas précisément un modèle de vertu. Mais, et c’est parfaitement rationnel, ils constatent que lors de son premier mandat, Donald Trump a été dans leur sens en nommant des juges conservateurs à la Cour suprême, ce qui a permis de revenir sur la protection dont bénéficiait le droit à l’avortement au niveau fédéral. Ils vont donc revoter pour lui.
Par ailleurs, il y a l’électorat républicain modéré, blanc et plutôt aisé, qui forme le troisième pilier du Parti républicain traditionnel. Ceux-ci sont davantage focalisés sur les enjeux économiques, et là encore, de manière rationnelle, ils ont noté que Donald Trump, malgré ses excès qu’ils abhorrent, avait rempli le deal lors de son premier mandat en procédant par exemple à des baisses d’impôts pour les plus aisés. Ils vont donc revoter pour lui, même si c’est en se bouchant le nez.
Mais c’est néanmoins au sein de cette catégorie qu’il y a eu des déperditions très notables vers les démocrates depuis 2016, qui contrebalancent l’arrivée d’un électorat populaire anciennement démocrate. Dans les banlieues aisées et blanches des immenses agglomérations du Sud comme Atlanta en Géorgie ou Dallas et Houston au Texas, les cartes électorales étaient rouge vif il y a vingt ans. Depuis plusieurs scrutins, elles pâlissent peu à peu, et tournent même désormais au bleu. Cela explique en grande partie pourquoi des Etats qui étaient il y a vingt ans des bastions républicains inexpugnables comme la Géorgie ou la Caroline du Nord sont désormais disputés.
Guipetit