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Histoires Web vendredi, octobre 25
Bulletin

Chimères

Œuvres de Franz Liszt et de Philippe Hersant. Alice Ader (piano).

Chimérique, ce disque l’est autant par son contenu, voué à des œuvres relevant du mirage, que par son principe, aspirant au dialogue imaginaire de Franz Liszt (1811-1886) et de Philippe Hersant (né en 1948) sur la base d’un langage où la distinction entre tonal et atonal tend à disparaître. Au terme d’un cheminement vers l’ascèse pour le premier, et d’un déploiement identitaire pour le second. Familière de l’un comme de l’autre, Alice Ader débute son programme par une partition extrémiste (La Lugubre Gondole I) de Liszt, qu’elle interprète avec une jolie retenue, avant de déchaîner des flots de passion dans une page extraordinaire (In Black) d’Hersant qui, par certains aspects, évoque la détermination jusqu’au-boutiste de Dmitri Chostakovitch et d’Olivier Greif. Après ces deux sommets de radicalité expressive, tout semble dit. Avec des Liszt (Nuages gris, En rêve) et des Hersant (Fleuve d’oubli, Paradise Lost) à tendance poétique, le reste de l’album ne manque pas d’attrait, mais de plénitude. Pierre Gervasoni

Scala Music.

  • Eric Legnini, Bojan Z, Pierre de Bethmann, Baptiste Trotignon

PianoForte

Pochette de l’album « PianoForte », d’Eric Legnini, Bojan Z, Pierre de Bethmann et Baptiste Trotignon.

Quatre pianistes, quatre pianos, deux acoustiques et deux électriques modèle Fender Rhodes. Par ordre d’apparition sur la pochette, Eric Legnini, Bojan Z, Pierre de Bethmann et Baptiste Trotignon, en point commun leurs pratiques et connaissances des langages du jazz, classique, bop, jusqu’à l’approche soul. Le répertoire fait redécouvrir des classiques, tels que Poinciana, dont Ahmad Jamal fit son hymne, Aguas de março, d’Antonio Carlos Jobim, Take The « A » Train, de Billy Strayhorn pour Duke Ellington, Mercy, Mercy, Mercy, de Joe Zawinul… Ainsi que des thèmes moins repérés, le sombre motif répétitif de Cornfield Chase, d’Hans Zimmer, pour le film Interstellar (2014), de Christopher Nolan, Um Anjo, du guitariste Egberto Gismonti… Les rôles sont répartis, échangés entre les uns et les autres, assise rythmique, énoncé du thème, partie soliste, sans que se fasse entendre une envie de prendre le pas, de faire virtuosité. Collectivement mené vers une pleine expression belle et sensible. Sylvain Siclier

Artwork Records/PIAS.

The Night the Zombies Came

Pochette de l’édition vinyle de l’album « The Night the Zombies Came », des Pixies.

Les « lutins » de Boston inaugurent, avec ce dixième album, un nouveau chapitre depuis leur reformation en 2004. Une fraîche recrue, la bassiste Emma Richardson (Band of Skulls) succède ainsi à Paz Lenchantin, qui avait déjà eu bien du mal à faire oublier la membre originelle, Kim Deal. Les vétérans Black Francis (guitare/chant), Joey Santiago (guitare) et David Lovering (batterie) ont, cette fois, ralenti le tempo sur la moitié des titres. Dès Primrose, jolie entrée en matière acoustique et réverbérée, Black Francis pose sensiblement sa voix, et déroule un spleen surf-pop sur Mercy Me, Chicken et Jane, dans une veine spectorienne, ou encore sur Kings of the Prairie, ode à la vie en tournée. Hélas, l’autre partie punk rock du disque, à l’exception de l’efficace Hypnotised, s’avère bien fade (You’re So Impatient, Motoroller, Oyster Beds…). L’équilibre de The Night the Zombies Came en pâtit, on finit encore une fois par regretter la folie de Trompe le Monde (1991) ou les géniales trouvailles mélodiques de Doolittle (1989). Franck Colombani

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