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Histoires Web samedi, novembre 23
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Son nom est Niaobasane. Il serait né entre 1811 et 1816, dans le sud de l’actuel Mozambique. Par des voies de traite illégale, il aurait été déporté dans les années 1820 ou au début des années 1830 jusqu’à l’île Maurice, où il a été asservi et renommé Alain.

En 1846, son visage a été moulé en plâtre de son vivant, soit onze ans après l’abolition de l’esclavage sur cette île, par l’ethnographe Eugène de Froberville. Il fait l’objet, avec treize autres, d’une exposition intitulée « Visages d’ancêtres ». Organisée au château royal de Blois, elle a lieu du 21 septembre au 1er décembre.

Froberville est né en 1815 à Maurice, dans une famille aristocratique originaire de Loir-et-Cher, installée sur l’île dès la fin du XVIIIe siècle. Sa famille rentre en France en 1827, mais, dix-neuf ans plus tard, il est de retour sur sa terre natale pour mener une étude qui a pour nom : « Les races et les langues de l’Afrique de l’Est au sud de l’équateur ». Pendant dix-huit mois, il interroge plus de trois cents anciens esclaves venus du Mozambique, de Tanzanie et du Malawi, rassemblant une grande quantité d’informations à la fois sur ses interlocuteurs et leurs trajectoires de vie, et sur leurs cultures (langue, tradition, musique…). Il accumule plus de mille pages de notes.

Total oubli

L’ethnographe dessine également cinquante-deux portraits et réalise soixante-trois moulages d’une grande finesse sur cinquante-huit individus. Les quatorze exposés actuellement font partie de cette collection qui aurait dû rejoindre le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), à Paris, mais que Froberville a gardée. Cependant, il la prête en 1874 ou en 1875 au MNHN, qui réalise cinquante-huit surmoulages. Vendue par son fils aîné, à l’exception d’une seule pièce, au Muséum d’histoire naturelle de Blois, elle est transférée au château de cette même ville, pendant la seconde guerre mondiale.

Malgré tout l’intérêt qu’elle suscita dans les cercles savants et naturalistes, la collection, certainement la plus importante sur l’Afrique du XIXe siècle, tombe dans un total oubli jusqu’à sa redécouverte, en 2018, par Klara Boyer-Rossol, spécialiste de la traite et de l’esclavage dans l’océan Indien et commissaire de l’exposition. L’historienne a mené une enquête pour identifier chacun des individus, découvrir leurs noms, leurs âges, leurs origines, leurs parcours de vie et leurs cultures à partir de témoignages livrés, il y a près de deux siècles, à un scientifique progressiste et abolitionniste qui n’en croyait pas moins à l’inégalité des races.

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