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Au terme de vingt-huit heures d’avion, le premier ministre britannique, Keir Starmer, devait arriver, jeudi 24 octobre, aux Samoa, îles polynésiennes du Pacifique, afin d’assister au sommet annuel des 56 Etats du Commonwealth. Le rendez-vous s’annonce mouvementé pour le dirigeant travailliste et pour son souverain, le roi Charles III, qui préside ce club créé après la seconde guerre mondiale sur les décombres de l’Empire britannique, et principalement constitué d’anciennes colonies ayant acquis leur indépendance dans les années 1960. Ils font face, en effet, à des pressions très insistantes pour accepter des réparations liées au passé esclavagiste du Royaume-Uni.

Les trois candidats pressentis pour remplacer Patricia Scotland, la secrétaire générale du Commonwealth, qui tire sa révérence à l’occasion de ce sommet, se sont déclarés en faveur de la « justice réparatrice ». C’est le cas du ministre des affaires étrangères de Gambie, Mamadou Tangara, de son homologue ghanéenne, Shirley Botchwey, et de Joshua Setipa, ex-ministre du commerce du Lesotho, qui a estimé, dans le Financial Times, que le sommet était « le meilleur endroit pour s’engager politiquement » en faveur de réparations.

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Lundi, Downing Street a balayé ces revendications : « Les réparations ne sont pas à l’ordre du jour de la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth. La position du gouvernement à ce sujet n’a pas changé, nous ne payons pas de réparations », a déclaré un porte-parole de Keir Starmer. Pas question non plus de produire des excuses publiques : « Nous ne présenterons pas d’excuses au sommet du Commonwealth, mais nous continuerons à collaborer avec nos partenaires sur ces questions, tout en travaillant avec eux pour relever les défis urgents d’aujourd’hui et des générations futures », a ajouté le porte-parole de Downing Street. « Nous devons regarder l’avenir, les pays du Commonwealth sont davantage intéressés par la réforme des institutions financières ou le changement climatique », a insisté Keir Starmer à bord de son avion, mercredi. Cette position est-elle tenable ?

18,5 trillions de livres sterling

Ce n’est pas l’avis de l’ex-juge à la Cour internationale de justice Patrick Robinson, qui, en 2023, déclarait au Guardian : « Le Royaume-Uni ne pourra pas résister à ce mouvement vers le paiement des réparations, l’histoire et le droit l’exigent. » Le juge qui présida le procès de l’ex-président yougoslave Slobodan Milosevic a aussi supervisé le rapport du Brattle Group, l’un des plus complets portant sur les réparations du commerce transatlantique d’esclaves. Publié en 2023, il évalue les réparations dues par le Royaume-Uni, principal pays esclavagiste jusqu’au XIXe siècle, à 14 pays à 18,5 trillions de livres sterling (18 000 milliards de livres) censés compenser la richesse que l’Empire a accumulée au cours des siècles aux dépens de centaines de milliers d’êtres humains.

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