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Histoires Web mercredi, octobre 23
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« Je suis une femme totalement détruite », a déclaré Gisèle Pelicot devant la cour criminelle du Vaucluse, mercredi 23 octobre, dans le cadre d’un interrogatoire de « mi-parcours », expliquant vouloir médiatiser son affaire pour « qu’on change cette société ».

Cette dernière a refusé le huis clos pour le procès de son ex-mari, Dominique Pelicot, lequel la droguait pour la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus. Cinquante autres hommes, âgés de 36 à 74 ans, sont également jugés dans ce procès très médiatique qui a commencé début septembre et qui doit se tenir jusqu’en décembre.

« Je ne sais pas comment je vais me reconstruire, me relever de tout ça », a ajouté Mme Pelicot, âgée de 71 ans, précisant avoir voulu lever le huis clos du procès afin « que toutes les femmes qui [sont] victimes de viol se disent : “Mme Pelicot l’a fait, on peut le faire”. » « Je ne veux plus qu’elles aient honte. La honte, ce n’est pas à nous de l’avoir, c’est à eux. (…) j’exprime surtout ma volonté et [ma] détermination pour qu’on change cette société », a-t-elle fait valoir.

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Vague de soutiens

Evoquant durant cet interrogatoire son ex-mari avec lequel elle dit avoir été « une femme heureuse et comblée » pendant « cinquante ans de vie commune », Gisèle Pelicot a dit « ne pas pouvoir le regarder ». Avant d’ajouter : « Je me suis préparée à ce procès, mais je n’ai toujours pas compris pourquoi. Je cherche à comprendre comment ce mari, qui était l’homme parfait, a pu en arriver là. Comment ma vie a pu basculer. Comment tu as pu laisser entrer chez nous ces individus alors que tu connaissais mon aversion pour l’échangisme. Pour moi, cette trahison-là elle est incommensurable. »

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De nombreuses manifestations en soutien à Gisèle Pelicot se sont tenues depuis le début du procès. En septembre, 10 000 personnes avaient notamment défilé dans les rues de France. Des dizaines de manifestations ont également eu lieu samedi 19 octobre devant les palais de justice de France pour « dénoncer la culture du viol », à l’appel de plusieurs collectifs féministes, en écho à ce procès ainsi qu’aux révélations sur l’abbé Pierre ou au viol suivi du meurtre de Philippine. De nombreuses femmes viennent par ailleurs témoigner de leur soutien à Mme Pelicot chaque jour d’audience, au palais de justice d’Avignon.

Dominique Pelicot, 71 ans, a reconnu avoir drogué son épouse de 2011 à 2020, à son insu, afin de la violer et de la faire violer par des dizaines d’hommes recrutés sur Internet. Les cinquante hommes jugés avec lui, la plupart pour viols aggravés, et qui risquent comme lui jusqu’à vingt ans de prison, affirment avoir cru participer au fantasme d’un couple échangiste ou ne pas s’être rendu compte de l’état d’inconscience de Gisèle Pelicot.

Le verdict du procès, au retentissement international, est attendu vers le 20 décembre.

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Le Monde avec AFP

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