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La vente sur offres – une vente aux enchères par correspondance propre à la philatélie – organisée par Le Timbre classique, clôturée le 1er octobre, a enregistré 1 392 lots vendus sur un total de mises aux enchères de 3 599 lots, soit plus de 60 % d’invendus. Un résultat un peu décevant, en ligne avec ceux des récentes ventes sur offres organisées ces derniers mois par Roumet, La Postale philatélie ou Behr…

Sur 41 références concernant par exemple le 10 centimes bistre Cérès de 1849, 12 enchères ont été enregistrées, la plus haute, 3 315 euros (prix de départ 3 000 euros), pour une paire tête-bêche bistre-jaune oblitérée avec « aminci sinon très beau d’aspect », la plus basse, 71 euros (départ 50 euros), pour un timbre bord de feuille oblitéré, « pelurage sinon très beau d’aspect »

Le président de la Chambre syndicale française des négociants et experts en philatélie (CNEP), Paolo Salvatori, avance plusieurs explications à ce fort taux d’invendus : « Peut-être les prix de départ sont-ils trop élevés. Ce sont peut-être aussi les mêmes articles qui reviennent d’une vente à l’autre », les collectionneurs se refusant à acheter des pièces déjà en leur possession.

M. Salvatori évoque aussi un contexte international – guerres en Ukraine, au Proche-Orient, menaces chinoises sur Taïwan, etc. – peu propice au timbre, alors « que le cours de l’or monte d’une manière vertigineuse », retrouvant son statut de valeur refuge.

Mais, pour lui, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Cette situation n’est pas liée à la santé de la philatélie. Il reste optimiste, relevant que « certaines spécialités fonctionnent très bien, comme les ex-colonies françaises ». Les collectionneurs, bien pourvus dans certaines matières, constate-t-il, sont conduits à se diversifier.

« Une question de génération »

Vincent Beghin, expert de la maison Calves, à Paris, le rejoint sur ce point, constatant que « le marché philatélique reste très actif ». Pour lui, les prix élevés témoignent de la volonté des vendeurs de porter le marché à un niveau élevé. Il constate que les ventes aux enchères publiques plus dynamiques – voir le succès des ventes David Feldman, en Suisse, en juin et du Timbre classique en septembre – profitent « d’un effet de compétition ». « Elles ne ciblent pas les mêmes clients. Les ventes aux enchères, qui dispersent souvent des lots, ne s’adressent pas tant à une clientèle de collectionneurs qu’à des marchands, des revendeurs, qui achètent pour détailler sur les sites d’enchères en ligne comme eBay, Delcampe, Catawiki. Une population importante, en voie d’augmentation. »

Pour M. Beghin, « il reste un fonds important de collectionneurs tournés vers la France. Ce qui peut devenir plus compliqué, c’est quand on va sur des collections plus spécialisées, plus complexes, plus pointues, qui demandent parfois beaucoup de connaissances, comme les marques postales, les pièces de 1870-1871… Certaines collections à la mode à une certaine époque sont retombées, comme les pièces de la Libération. C’est une question de génération. Certains événements forts comme la seconde guerre mondiale restent porteurs… beaucoup plus que la guerre de 1914-1918 ».

Parmi les « bons » prix observés dans la vente du Timbre classique, on notera :

– 1 franc carmin, Empire franc non dentelé, quatre grandes marges, sur lettre de Lyon (1854) pour l’Ardèche, vendue 6 098 euros ;

– 5 francs Empire violet-gris, burelage doublé, neuf sans charnière, adjugé à 5 691 euros ;

5 francs Empire violet-gris, burelage doublé, neuf sans charnière, adjugé à 5 691 euros.

– lettre revêtue d’un bloc de quatre du 5 centimes vert-jaune, émission dite « de Bordeaux », sur lettre de Chambly (Oise) du 18 juillet 1871 pour Paris, à 5 783 euros ;

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– Cérès, IIIe République, paire tête-bêche du 15 centimes bistre, 28 568 euros (pour un prix de départ de 20 000 euros) ;

Cérès, IIIe République, paire tête-bêche du 15 centimes bistre (neuf avec charnière). Prix de départ 20 000 euros, adjugé 28 568 euros.

– type Sage, 1 centime noir sur bleu de Prusse, neuf, (infime trace de charnière), adjugé 5 415 euros ; le même, mais oblitéré, 3 158 euros ;

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– Peynet – la Saint-Valentin , timbre imprimé en 1985 par erreur sans sa valeur faciale, état neuf, coin de feuille, 8 313 euros à l’arrivée (mise à prix de 7 500 euros) ; le même timbre oblitéré, le vendeur relevant que ce timbre est « beaucoup plus rare en oblitéré qu’en neuf », reste disponible à son prix de départ, soit 6 000 euros ;

Vente Le Timbre classique, 8 313 euros atteint par ce Peynet - la Saint-Valentin, timbre imprimé en 1985 par erreur sans sa valeur faciale.

– devant d’enveloppe transportée par le paquebot Ile-de-France en 1928, puis catapulté, avec, entre autres, un 10 francs sur 1,50 franc bleu Pasteur, variété surcharge doublée, avec signature du pilote le lieutenant de vaisseau Demougeot, adjugé à 6 833 euros ;

Devant d’enveloppe de l’« Ile-de-France » (1928) : 6 833 euros.

– non émis au type Paix, 30 centimes vert préoblitéré, bord de feuille, 3 712 euros.

Préoblitéré non émis au type Paix, 30 centimes vert, bord de feuille : adjugé 3 712 euros.

Parmi les bons résultats de cette vente, une maquette du bloc de franchise du corps expéditionnaire de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme – que les philatélistes désignent sous le nom de « bloc de l’Ours » –, avec en haut à droite mention « EF » (Etat Français), est adjugée 6 705 euros (plus de 50 % de plus que son prix de départ de 4 000 euros).

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Rappelons que la Légion des volontaires français (LVF) fut créée en 1941, après l’invasion de l’URSS par l’armée allemande, à l’initiative des mouvements engagés dans la collaboration. La LVF se transforme en « Légion tricolore » en 1942 (sujet de deux timbres-poste émis la même année).

Maquette du bloc de l’Ours avec en haut à droite mention « EF » (Etat Français) dont la poste du régime de Vichy exigea le retrait. Le commandant Bachelet, chef des émissions philatéliques de la LVF, tenta de la faire remplacer par une mention « FM », mais en vain. Pièce inédite et unique découverte tout récemment, adjugée 6 705 euros.

Le catalogue Yvert et Tellier précise que « la LVF procéda à plusieurs émissions de timbres de bienfaisance qui, bien que vendus exclusivement à Paris, peuvent se rencontrer sur des lettres de soldats du front de l’Est », comme ce bloc de l’Ours…

Epreuves d’état et épreuve d’artiste du bloc de l’Ours, 7 000 euros pièce.

Lors de cette vente, les deux épreuves d’état et l’épreuve d’artiste de ce bloc ont toutes été vendues, chacune au prix de départ de 7 000 euros (épreuve en bleu du bloc avec encrage partiel et absence des noms du dessinateur et du graveur ; épreuve d’état en bleu avec partie inférieure encrée et mention du dessinateur – Vinay – et du graveur – Degorce ; épreuve d’artiste définitive du bloc de l’Ours, après rajout de l’étoile rouge).

Quelques déceptions

A noter qu’en 2021 la maison De Baeque avait vendu un ensemble pour 6 700 euros qui comprenait une épreuve de luxe « accompagnée d’une lettre dactylographiée et signée du président du Comité central de la LVF Eugène Deloncle qui offrait cette épreuve de luxe », adressée à Marcel Déat, un bloc oblitéré, un bloc non dentelé neuf, un bloc sur enveloppe, deux blocs neufs avec charnière et un bloc non dentelé sans les inscriptions rouges et avec une très grosse tache bleue (essai).

Lettre dactylographiée du 15 novembre 1941 signée du président du Comité central de la LVF Eugène Deloncle, qui offre à Marcel Déat une épreuve de luxe du bloc de l’Ours.

LVF encore, une lettre pour Cholet (Maine-et-Loire) avec timbre de la LVF, de la série dite « Borodino », F + 1 franc carmin, oblitération « Feldpost » du 8 novembre 1942, cachet rouge avec aigle « Dienststelle FP NR 03865A » et censure de l’OKW, mise à prix 125 euros, atteint 357 euros.

Lettre pour Cholet affranchie à l’aide d’un timbre de la LVF, de la série dite « Borodino », F  1 franc carmin, oblitération « Feldpost » du 8 novembre 1942, cachet rouge avec aigle « Dienststelle FP NR 03865A » et censure de l’OKW, mise à prix 125 euros, adjugée à 357 euros.

LVF enfin, une quinzaine de lots renvoyant aux timbres légendés « courrier spécial par avion » (épreuves d’état, épreuves d’artiste, variétés de surcharges, etc.) des années 1941-1942 trouvent preneurs dans une fourchette de prix allant de 100 à 788 euros.

Timbre de la Légion des volontaires français,  « F + 10f / Taxe aérienne » carmin et bleu, surcharges multiples, neuf, bord de feuille, 150 euros.

Quelques « déceptions » sont à relever, comme le peu de succès des documents « polaires » signés par Paul-Emile Victor, un seul lot vendu sur une dizaine d’offres, à 120 euros, une carte postale passée par le Groenland en 1959, transportée par hélicoptère.

Carte postale côté vue qui reproduit un dessin de Paul-Emile Victor.
Carte postale (dessin de Paul-Emile Victor côté vue) signée Paul-Emile Victor, partie du Groenland le 2 septembre 1959, griffe « Courrier transporté par hélicoptère », 120 euros.

Pour l’anecdote, la carte postale en franchise avec cachet à date « Poste aux armées » (22 février 1940) avec les signatures des joueurs de l’équipe française de football à l’occasion d’un match contre l’armée britannique qui s’était déroulé à Lille (Nord) quelques jours plus tôt – Da Rui, Mathé, Bourbotte, Hiltl, Verriest… – est adjugée à 113 euros (départ 80 euros).

Une lettre affranchie d’un timbre de franchise militaire, 90 centimes outremer au type Paix, pour la correspondance des réfugiés espagnols, cachet à date pointillé « Bourg St Bernard Hte Garonne » de décembre 1940, avec cachet violet « 512ᵉ groupe de travailleurs espagnols – le commandant », prix de départ 50 euros, part à 144 euros.

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Une lettre recommandée d’Athis-de-l’Orne (Orne) de novembre 1939 pour Londres, avec griffe violette « Athis camp des étrangers censure » (Allemand interné comme sujet ennemi), passe de 80 à 239 euros.

Du côté de l’aérophilatélie, le raid Alger-Le Caire, de juin 1926, une carte postale avec cachet « Essai de liaison aérienne/par avion léger/Circuit de la Méditerranée/Mission Hirschauer/1926 », et signature d’Hirschauer, atteint 963 euros, pour un départ à 400 euros.

Vol Alger-Le Caire, de juin 1926, carte postale avec cachet « Essai de liaison aérienne/par avion léger/Circuit de la Méditerranée/Mission Hirschauer/1926 », et signature d’Hirschauer, 963 euros (pour un prix de départ à 400 euros).

Signe de la santé de cette thématique aérienne, une lettre partie le 3 juillet 1931 de Djibouti pour Paris (étape du raid Paris-Le Cap), cachet d’arrivée à Paris le 21 juillet, avec mention manuscrite « par avion Paris » et signature du pilote Philippe d’Estailleur-Chanteraine, double son prix de départ pour atteindre 345 euros.

Collections de feuilles entières

L’importante collection de feuilles de timbres de France parus entre 1876 et 1959, quasi complète, bénéficiant d’une cote « catalogue » de 182 370 euros, comprenant préoblitérés, timbres de service, timbres-taxe, etc., « une occasion unique d’acquérir une collection très avancée des feuilles de France », signale Le Timbre classique, atteint 14 183 euros, pour une mise à prix de 9 000 euros.

Une collection de feuilles de timbres de Monaco (1891-2001) cette fois est vendue 1 838 euros, pour un prix de départ de 1 500 euros (et une cote catalogue de plus de 76 000 euros).

En revanche, une collection similaire de Monaco (1891-2001), mais cotée plus de 220 000 euros, attend toujours un enchérisseur au prix de 10 000 euros.

Dans l’optique de se constituer une petite collection de « classiques » de France, une sélection de 154 timbres avec oblitérations variées – étoiles de Paris rouges ou bleues, gros points, essai GC 1818, ancre, grille, oblitérations étrangères, etc. –, des années 1854-1874, est toujours disponible à 1 300 euros.

L’achat de tels ensembles peut-il être rentabilisé si le collectionneur les vend au détail dans un second temps ?

Pour les ex-colonies françaises, on signalera le bon prix décroché par le feuillet de Madagascar en mauve, non émis, de dix valeurs, dont surcharges rouges de poste aérienne, qui, partant de 4 000 euros, atteint 6 833 euros.

En revanche, à la rubrique Moyen-Congo, Brazzaville-Institut Pasteur, 1 franc vert foncé, non émis, non dentelé, panneau complet de 25 exemplaires, à 1 000 euros, ne trouve pas preneur.

La rare carte postale précurseur particulière à la Cochinchine, carton bleu, timbre des colonies françaises au type Alphée Dubois, 5 centimes surchargé sur 25 centimes jaune-bistre, neuf, à 800 euros, reste sur le sable.

La vue d’Alger (timbre de 1938-1941), 1 franc surchargé sur 65 centimes bleu, projet de surcharge fait localement (la surcharge connue est à 50 centimes) en bloc de quatre, monté sur un carton avec au dos mention « à mon avis le F est un peu petit », attend un acheteur à 2 500 euros.

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Pour Saint-Pierre-et-Miquelon, les deux épreuves d’artiste signées Decaris, timbres de poste aérienne de 1956, dont un non émis, à 300 euros, restent invendues. Invendu également le timbre de la France libre (1941-1942), 1,25 franc carmin, variété surcharge renversée « FRANCE LIBRE F.N.F.L. », à 6 000 euros.

Le coffret de l’inauguration du Musée postal de Paris, complet, comprenant dix épreuves individuelles (cinq de chaque) des timbres « Pour le Musée postal. La Lettre, de Fragonard » (1939) et « Pour le Musée Postal. Le Cachet de cire, d’après Chardin » (1946), l’épreuve collective, les non-dentelés en feuilles de 25 ainsi que le bloc spécial sur papier gommé, reste disponible à son prix de départ de 4 800 euros.

Le Timbre classique, 4, rue Drouot, Paris 9ᵉ. Ouvert du lundi au vendredi, de 9 heures 30 à 17 heures. Courriel : [email protected]. Tél. : 01-42-46-63-72.

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