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Histoires Web jeudi, octobre 17
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Si Tom Wesselmann est, de très loin, l’artiste le plus présent à tous les étages de la Fondation Louis Vuitton, il n’y est cependant pas seul. Sa rétrospective, qui débute le 17 octobre, est complétée par trois adjonctions qui contribuent fortement à l’intérêt de l’exposition et conjurent le risque de l’ennui né de la répétition.

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La première des trois rappelle dans quelle histoire longue Wesselmann s’inscrit à ses débuts. Elle est tantôt elliptique, tantôt explicite. Elliptique : un exemplaire de Fontaine (1917) de Marcel Duchamp et des collages d’Hannah Höch, de Yayoi Kusama et de Kurt Schwitters ne suffisent pas à décrire les rapports entre dada et pop, bien plus complexes. Explicite : la dissémination dans les premières salles d’œuvres de Robert Rauschenberg, de Jasper Johns, d’Andy Warhol, de Roy Lichtenstein et de James Rosenquist. Ces artistes se sont trouvés en effet à l’origine du pop. D’autres aussi au demeurant, et une œuvre de Jim Dine aurait été d’autant plus nécessaire que Dine et Wesselmann ont été très proches au début des années 1960. Quant aux Européens, ils sont à peu près absents, même si un néon de Martial Raysse est placé à l’entrée du parcours.

La deuxième adjonction répond à la nécessité de réécrire l’histoire du pop art en y introduisant les femmes artistes, négligées par les musées et le marché jusqu’à il y a peu de temps. Si l’inventaire n’est pas complet, il est cependant efficace parce que les œuvres choisies ont une force satirique qui, souvent, manque à ces messieurs. En 1963, l’artiste vénézuélo-américaine Marisol juche un mannequin à tête de John Wayne et doté de trois mains et d’autant de colts sur un cheval de bois galopant dans le vide : voici pour le cow-boy héroïque. La même année, Marjorie Strider peint une tête de jeune femme en gros plan, mais sa bouche aux lèvres écarlates est grande ouverte, la toile étant à cet endroit creusée d’une cavité sombre, et le titre est Welcome : voici pour la pin-up toujours prête à faire plaisir.

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Effort de réécriture

La même beauté fait admirer ses rondeurs saillantes dans le triptyque, Triptych II (Beach Girl) de Strider, en 1963 encore. La jeune femme léchant avec volupté une Ice Cream d’Evelyne Axell l’année suivante et, de la même, la Femme de marbre qui mixe Manet, le style psychédélique, le polyester et le formica ; le groupe de mannequins nues tatouées de points que Yayoi Kusama dispose autour d’une table de fruits et de fleurs ; les Bombs in Love de Kiki Kogelnik où guerre et phallus se confondent ; la toile très froide de Rosalyn Drexler Love and Violence : autant d’œuvres et de créatrices qui ont été très peu montrées ou ne l’ont pas été en France avant que l’exposition « Les Amazones du pop » à Nice en 2020 n’amorce le processus de réévaluation.

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