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La liste est longue des « fleurons » de l’industrie française passés ces dernières années sous pavillon étranger. La cession par Sanofi de 50 % de son entité de santé grand public, Opella, qui commercialise notamment le Doliprane, au fonds d’investissement américain CD & R réveille de mauvais souvenirs. L’ensemble des formations politiques, de l’extrême droite à la gauche, dénonce cette vente comme un nouveau symbole de la perte de souveraineté économique et industrielle de la France, notamment en matière sanitaire.

Le passage sous contrôle américain d’Opella affaiblit la position de l’exécutif français et sa promesse, depuis la crise liée au Covid-19 en 2020, que l’Hexagone ne dépende plus de l’étranger pour s’approvisionner dans plusieurs secteurs stratégiques, notamment sanitaires. L’inquiétude est telle qu’Emmanuel Macron a tenu à rassurer, lundi 14 octobre, depuis le Mondial de l’auto, en déclarant qu’en dépit de la question de la « propriété capitalistique » de Sanofi « le gouvernement a les instruments pour garantir que la France soit protégée ».

Le décret IEF (pour « investissements étrangers en France ») encadre depuis 2005 les investissements étrangers soumis à une autorisation préalable du gouvernement. En plus de la sécurité et de la défense, ce dispositif a été étendu en 2014 à d’autres secteurs industriels stratégiques, comme l’énergie, les transports ou la santé. En 2022, l’Etat a par exemple décidé de renforcer son contrôle dans l’actionnariat dans l’entreprise Aubert & Duval – que son propriétaire, le groupe Eramet, souhaitait vendre –, qui fournit des aciers hautes performances nécessaires aux sous-marins nucléaires et aux Rafale de Dassault. Un an plus tard, la société a été rachetée par Airbus et Safran afin de demeurer sous pavillon français.

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Selon le dernier rapport annuel de la direction générale du Trésor présenté en juin, 309 dossiers d’IEF ont été soumis à contrôle en 2023 (contre 325 en 2022) et 135 opérations ont été autorisées. « Parmi celles-ci, 44 % ont été assorties de conditions pour garantir la préservation des intérêts nationaux », souligne le Trésor, qui considère que « le contrôle IEF a donc pleinement joué son rôle ».

« Grande braderie »

Mais au-delà de ces centaines de dossiers qui passent souvent sous les radars médiatiques, quelques rachats de grands noms de l’industrie française par des groupes étrangers ont fait polémique ces deux dernières décennies. Une note rédigée en octobre par X-Alternative et Intérêt général, deux collectifs de polytechniciens et de hauts fonctionnaires proches de la gauche, indique que « de 2008 à 2023, une quinzaine d’entreprises stratégiques françaises ont été rachetées par des acteurs étrangers, parmi lesquelles onze sont passées sous pavillon états-unien ». Une « grande braderie » qui fragilise, selon ces collectifs, le tissu industriel français car, « à chaque fois, ces rachats emportent dans leur chute nombre de PME, sous-traitants et fournisseurs qui se retrouvent privés de leur principal client ».

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