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Histoires Web dimanche, octobre 13
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« Le pistolet, c’est votre feutre. » A deux pas du parc Montsouris, dans un atelier-boutique situé dans une petite rue tranquille du 14e arrondissement de Paris, Alice Félix apprend le maniement d’un flingue à une petite troupe d’apparence bien pacifique. Il s’agit d’un « tufting gun », une drôle de machine de guerre qui, chargée de laine, permet de remplir de fils touffus des parties d’un motif préalablement dessiné sur une toile tendue. Le rendu moquette ainsi obtenu permet de réaliser tapis, bord de miroir, coussin, décoration murale…

« Toutes les couleurs et formes sont permises. En matière de créativité, c’est dément », explique Alice Félix, 23 ans, à son compte depuis trois ans. Après un CAP d’accessoiriste, la jeune femme s’est mise au tufting – ou touffetage – grâce aux réseaux sociaux. La pratique, dont on connaît mal les origines, tombée en désuétude dans les années 1970, a repris du poil de la bête en 2020 à la faveur du confinement lié à la pandémie de Covid-19 qui a entraîné un boom des activités créatives.

Quatre ans plus tard, la tufting mania n’est pas retombée, en témoignent les innombrables tutoriels, livres, mais aussi ateliers qui fleurissent un peu partout en France. Selon Etsy, première plateforme mondiale de vente d’articles artisanaux et de seconde main, les recherches pour ce hobby auraient bondi de 172 % en 2022, et de 35 % pour les seuls tapis touffus. Et le nombre de participants à la soixantaine d’ateliers répertoriés par le seul site Wecandoo, qui met en relation artisans et particuliers, a doublé entre 2023 et 2024, alors que l’année n’est pas encore finie.

Les réalisations en tufting de Guillaume Neves, le créateur d’Atelier Paolo : le cadre Amphore et le tapis Antinoos.

« Je fais en moyenne trois ateliers de deux heures par semaine [à 90 euros]. Jamais plus de sept personnes à la fois car il faut un peu de place. Tout est booké très rapidement. Au total, une centaine de participants viennent chaque mois découvrir la technique et s’amuser », confirme l’artiste tufteuse, qui a commencé en autodidacte dans la véranda de ses parents. Face à la demande, et pour se ménager un peu de temps pour ses créations, Alice Félix travaille avec d’autres intervenants, comme Zoé Mataix, créatrice textile et animatrice de l’atelier cet après-midi-là.

Un travail à l’envers

Après quelques explications techniques, la jeune femme en robe fleurie supervise les débuts des apprentis tufteurs. « N’hésitez pas à appuyer fort sur la toile de moine [le nom du canevas] et attention à bien vérifier que votre pistolet est armé de trois fils. Le remplissage se fait toujours en traçant une ligne de haut en bas. Faites déjà quelques essais. »

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