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Les rappeurs ont l’habitude de prendre des pseudonymes. Mais Sean Combs les aura accumulés comme personne. Depuis ses débuts, dans les années 1990, le New-Yorkais se sera fait appeler tour à tour Puff Daddy, Puffy, Diddy et P. Diddy. Une ­référence au surnom « Puff » donné par ses proches quand, enfant, il piquait une colère, l’expression « huff and puff » signifiant « souffler comme un bœuf ». C’est sous ces surnoms qu’il est devenu l’un des rappeurs et producteurs les plus célèbres au monde, un personnage médiatique bling-bling, cigare à la bouche et diamants autour du cou. Mais c’est le justiciable Sean Combs qui est aujourd’hui au cœur de l’actualité.

En novembre 2023, il a été accusé par son ex-compagne la chanteuse Cassie (de son vrai nom Casandra Ventura) de plusieurs agressions (viol, emprise psychologique, violences). Il est aujourd’hui sous le coup d’une enquête fédérale examinant un potentiel trafic sexuel, à la suite des accusations de viol portées par plusieurs femmes, qu’il a toutes niées.

Les faits se seraient déroulés lors de soirées qu’il aurait orchestrées, où la drogue circulait et où des jeunes femmes, parfois mineures, étaient contraintes à des relations sexuelles. En septembre, il a été incarcéré au Metropolitan Detention Center, à Brooklyn, l’une des prisons les plus dures des États-Unis, en attente d’un procès.

Son apparition dans les pages du Monde relève, déjà, du registre de la violence, même si celle-ci n’était alors pas d’ordre sexuel. Le 1er janvier 1997, le journaliste musical Stéphane Davet écrit un article sur « le rap américain malade de ses parrains ». À l’époque, la bataille fait rage entre les scènes musicales de la Côte est et de la Côte ouest ; de cette dernière le chanteur Tupac Shakur était le héros, son assassinat, quelques mois plus tôt, dans des circonstances troubles a signé l’acmé de cette rivalité. « Les insultes pleuvent. Et le petit jeu prend une allure de guerre des gangs. Certains sont particulièrement visés comme Sean “Puffy” Combs ou The Notorious B.I.G., responsables du label new-yorkais Bad Boy Entertainment. » Le second sera tué à son tour, deux mois plus tard.

Méthodes peu reluisantes

Le 25 novembre de la même année, Stéphane Davet explique le poids du rappeur dans l’industrie musicale. « Aujourd’hui, le “roi de New York” se prénomme Sean Combs “Puff Daddy”. Issu de la bourgeoisie de Harlem, ce producteur rappeur de 28 ans règne (…) sur le nouvel empire de la musique black. » Ses méthodes ne sont pas reluisantes. « Une rumeur dit qu’il faut désormais verser 10 000 dollars pour que Puff consente à écouter les cassettes qu’on lui envoie. » Sur le plan strictement musical, Le Monde n’apprécie guère le New-Yorkais. Le 30 mai 1998, Samuel Blumenfeld n’hésite pas à le qualifier de « très surévalué », l’accusant d’avoir transformé Aretha Franklin, qu’il vient de produire, en « Whitney Houston bis, c’est-à-dire une machine FM destinée à pondre des tubes et chanter des âneries ».

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