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Les brumes matinales se dissipent autour du plateau de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et la semaine des vétérinaires de campagne peut débuter. Dans la clinique vétérinaire du Gypaète, la salle d’attente est déjà presque pleine. « Chaque jour, entre les consultations, les opérations et les visites non prévues, près de cent personnes passent chez nous », assure Clément Mestdagh, l’un des dix vétérinaires, secondés par neuf assistants, qui officient dans ce regroupement situé en zone rurale, face au massif des Pyrénées.

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Un café vite avalé, Vivien Philis, « véto » de 41 ans, consulte l’application spécialisée sur son téléphone. « Aujourd’hui, ça va être relativement calme », pense-t-il. Au menu, quelques visites dans un rayon de 35 kilomètres, où l’on recense 450 éleveurs de ruminants, dont 250 de brebis. « Les animaux, les grands espaces, le contact avec les éleveurs, c’est ça que j’aime. »

Comme chaque praticien, ses études ont duré six ans. A l’issue de la cinquième année, les étudiants obtiennent le certificat d’études fondamentales vétérinaires, puis, après une année d’approfondissement et leur soutenance de thèse, ils obtiennent le diplôme d’Etat de docteur vétérinaire.

Vivien Philis, vétérinaire, au centre, dans le pré d’un éleveur de Franquevielle (Haute-Garonne), examine un taureau blessé, le 16 septembre 2024.

Résurgence de virus

Veaux, vaches, brebis, cochons et, ici, le porc noir de Bigorre, sont le quotidien de ce natif de Dordogne, féru de rugby : vaccins, vêlages, membres cassés ou accidentés, suivi des troupeaux et des maladies. Et, surtout, depuis quelques années, l’apparition ou la résurgence de certains virus ou épizooties. « Il y a, depuis 2023, la diffusion de la maladie hémorragique épizootique [MHE], qui touche les bovins. Il faut avouer que l’on n’y était pas vraiment préparés », explique le spécialiste. Maladie virale non transmissible à l’homme et transmise par des moucherons, elle affecte les ruminants sauvages et domestiques.

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Pour les brebis, c’est la fièvre catarrhale ovine (FCO), qui se diffuse dans les champs et provoque des ravages depuis l’été. Selon le ministère de l’agriculture, le nouveau virus serait présent dans plus de 10 % du cheptel français, avec un taux de mortalité de 10 % à 30 %. Dans l’Ariège, dans l’Aude et dans les Pyrénées-Orientales, les chambres d’agriculture faisaient état de 6 000 bêtes mortes à la fin d’août. Selon Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, liée à la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, ce chiffre atteindrait 50 000 au niveau national. Les vétérinaires sont aux premières loges.

Vivien Philis examine une des vaches suspectées de présenter les symptômes de la fièvre catarrhale ovine, dans l'exploitation d'un éleveur laitier, à Puydarrieux (Hautes-Pyrénées), le 16 septembre 2024. Vivien Philis examine une des vaches suspectées de présenter les symptômes de la fièvre catarrhale ovine, dans l'exploitation d'un éleveur laitier, à Puydarrieux (Hautes-Pyrénées), le 16 septembre 2024.

Ce matin de septembre, pour sa première visite, Vivien Philis se rend chez un éleveur de vaches laitières de race holstein. Durant le week-end, une de ses soixante-dix vaches a présenté des inflammations rouges sur le museau, des signes de fatigue, un début de conjonctivite. « Suspicion de MHE, mais on va aussi faire la FCO », diagnostique le vétérinaire. Des prises de sang sont effectuées sous la queue de l’animal. Les résultats du laboratoire d’analyses tomberont deux jours plus tard. « En 2023, on a perdu 10 % de la production de lait, notamment parce qu’il y avait beaucoup de veaux mort-nés. Pas de veaux, pas de lait pour les vaches », se désole l’éleveur, Ghislain Laran.

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