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« Ici, c’est la maison de Lula ! » Moises Selerges, président du syndicat des métallurgistes de la région de l’ABC, ne manque ni de bagout ni de preuves pour étayer ses dires. Aux murs de son bureau, dominant la ville de Sao Bernardo do Campo, au sud de Sao Paulo, sont accrochés une demi-douzaine de portraits du président du Brésil, qui côtoie ici Lénine, Che Guevara et Frida Kahlo. « Pour nous, Lula, c’est à la fois un père et un fils ! », proclame-t-il.

Casquette grise et crâne lustré, l’homme âgé de 58 ans dirige la plus importante organisation syndicale du Brésil. Celle-ci défend, depuis 1959, les intérêts des dizaines de milliers de métallos que compte l’ABC, ce chapelet de banlieues de Sao Paulo, concentré autour des villes de Santo André, Sao Bernardo do Campo et Sao Caetano, et qui demeure le plus grand parc industriel d’Amérique latine. « La terre sacrée de la classe ouvrière ! », s’enflamme M. Selerges.

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Voilà cinq décennies que Lula et Sao Bernardo do Campo ne font qu’un. C’est ici, entre 1978 et 1980, que celui qui était alors jeune tourneur fraiseur mena d’immenses grèves contre la junte militaire. Ici qu’il fit ses classes, affirma son charisme et imagina son Parti des travailleurs (PT). Ici aussi, précisément dans la cour du syndicat, qu’il célébra, le 9 novembre 2021, sa libération de prison. « Je dois tout ce que j’ai à ces gens du syndicat », déclarait alors un Lula ému aux larmes.

Le PT donné largement perdant le 6 octobre

Aujourd’hui encore, le président de gauche reste inscrit sur les listes électorales de Sao Bernardo do Campo. « C’est d’abord un copain ! Quand je vais à Brasilia, je le vois sans prendre rendez-vous ! », rigole Moises Selerges depuis sa citadelle de verre. Et pourtant, même ici, la gauche est loin d’avoir le vent en poupe. Et rien n’indique que le PT sorte vainqueur du scrutin municipal qui aura lieu le 6 octobre.

A Sao Bernardo do Campo, grise et interminable banlieue de 810 000 habitants, Lula l’a certes emporté à la présidentielle de 2022 avec 53,83 % des voix face à l’extrême droite de Jair Bolsonaro. Mais aux municipales, le candidat du PT est donné largement perdant, distancié dans les sondages par deux candidats de droite, le vice-maire sortant, Marcelo Lima (Podemos), et le député Alex Manente (Cidadania). Un affront dans le berceau du lulisme.

La gauche a longtemps gouverné la ville, avant de se la faire ravir, en 2016. Emporté par le scandale de corruption du « Lava Jato », le PT est alors en plein naufrage et perd la moitié des villes qu’il administrait au Brésil. A Sao Bernardo, la droite menée par Orlando Morando l’emporte. Deux ans plus tard, en 2018, 59,57 % des Sao-Bernardenses votent Jair Bolsonaro au second tour de la présidentielle.

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