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Elles semblent veiller sur la cité bretonne. A belle hauteur, sur un mur qui fait face au port du Rosmeur, une vingtaine d’ouvrières contestataires sont représentées, coiffe traditionnelle et poing levé, fêtant leur victoire contre les patrons des conserveries. Non loin, l’une de ces anciennes travailleuses, Joséphine Pencalet, qui deviendra conseillère municipale, première femme élue de France, est dessinée drapeau rouge à la main. Douarnenez, petite ville du Finistère, s’apprête à célébrer le centenaire de la grève des Penn Sardin, ces sardinières de la commune qui débrayèrent pendant six semaines, en novembre 1924.

Disséminés à travers la commune, une douzaine de ces collages rappellent au visiteur la culture rebelle et militante de la ville. Celle-ci essaime toujours dans le port breton, et on l’entend presque vrombir dans les vents marins qui s’invitent dans les rues. Cette fibre indocile, si vivace ces dernières années, ne cesse d’attirer sur les côtes de la ville des vingtenaires et trentenaires de tous les coins de France, séduits par le tissu associatif du coin.

Dans cette ville de quatorze mille habitants, les « néo » − le surnom donné à ces nouveaux arrivants − parlent même d’une « connexion Marseille-Montreuil-Bruxelles-Douarnenez », accélérée depuis le Covid. Souvent, ces jeunes urbains, pour la plupart issus des milieux artistiques et culturels, s’y rendent par le bouche-à-oreille. Certains repartent, puis reviennent s’installer pour de bon, sentant qu’il y a « quelque chose à y faire ».

Collage représentant Joséphine Pencalet, dans une rue de Douarnenez (Finistère), le 12 septembre 2024. Pour le centenaire de la grève des sardinières, l’association Emglev Bro Douarnenez a organisé, avec l’illustratrice Marianne Larvol, un parcours dans la ville.

Une bonne centaine d’associations

A l’Angle rouge, librairie installée depuis 2020 dans les anciens locaux d’une école maternelle du centre, les fondateurs du lieu s’inscrivent tous dans ces trajectoires. Entre deux conseils, le libraire Brice Fontan, 38 ans, revient sur son ancienne vie parisienne où, évoluant dans le milieu très concurrentiel du théâtre, il commençait à [s]’« abîmer ». C’est une rencontre amoureuse qui l’a mené ici, en 2017. « J’ai été captivé par le dynamisme de la ville. Il y avait déjà une bonne centaine d’associations », se souvient-il.

Son associée Leïla Couroussé-Licois, 36 ans, a croisé la route de Douarnenez à peu près à la même période, quand, partie randonner sur le GR34 breton avec des copains, elle décide d’y faire un crochet pour y découvrir le Festival du cinéma. Manifestation qui se tient tous les étés, ce festival participe, avec le centre cinématographique, en activité toute l’année, à l’installation pérenne de nombreux artistes du milieu. Il ne faut pas plus d’une visite pour qu’elle et deux de ses amies tombent amoureuses de l’endroit.

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