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Impossible de ne pas le remarquer dans les austères couloirs de l’usine historique de Volkswagen : Daniela Cavallo aime porter de hauts talons. Comme Le Monde avait pu le constater lors d’une rencontre à l’été 2022, la syndicaliste en chef de Volkswagen (VW) gagne volontiers 12 centimètres en cultivant un style plus inspiré de ses racines italiennes que du centre-ville de Wolfsburg (Basse-Saxe), la ville-usine du constructeur.

Ses parents, originaires de la Calabre, dans le sud de l’Italie, s’y sont installés dans les années 1960, quand l’usine était le cœur battant du « miracle économique » allemand. Incarnation du mythe intégrateur de Volkswagen, Daniela Cavallo a gravi les échelons sans rien perdre de son identité italienne. Elle a été la première femme à prendre, en 2022, la tête du comité d’entreprise, appelé Betriebsrat, le plus puissant organe de représentation des salariés du pays.

Le 4 septembre, face aux journalistes réunis devant les portes de l’usine de Wolfsburg, Mme Cavallo avait troqué les talons contre des baskets blanches. Autre style, autre message : ce sont peu ou prou les mêmes que celles arborées en général par le patron du groupe devenu son principal adversaire, Oliver Blume. Pas question pour la syndicaliste de perdre l’équilibre pour ce qui promet d’être l’affrontement de sa vie.

« Un tabou brisé »

Pour la première fois en quatre-vingt-sept ans, la direction du groupe envisage de fermer au moins une de ses usines outre-Rhin. Un accord de protection des emplois en vigueur depuis trente ans a été levé. Daniela Cavallo parle d’« un tabou brisé » et de violation de « principes de base » de VW. Elle a promis « une résistance acharnée ».

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Tous les observateurs s’accordent, Daniela Cavallo sait se battre. Quelques mois seulement après avoir pris son poste de négociatrice en chef, elle a obtenu la tête du PDG d’alors, Herbert Diess. Le patron au caractère brusque, plus attentif à son image sur les réseaux sociaux qu’à sa réputation dans l’entreprise, avait multiplié les provocations contre le Betriebsrat. Mme Cavallo avait fini par convaincre le conseil de surveillance, en particulier le clan Porsche-Piëch, propriétaire de la moitié des actions à droit de vote chez VW, de mettre fin à son contrat.

Au Monde, elle avait salué l’arrivée de M. Blume à la tête du groupe, apprécié pour son style « plus collectif ». « Pour moi, diriger signifie donner des objectifs clairs, savoir les communiquer de manière collective, afin de faire participer tous les niveaux de l’entreprise », expliquait-elle. Contrairement à son prédécesseur venu de BMW, le nouveau patron était parfaitement conscient des us et coutumes en vigueur à Wolfsburg, où rien ne se décide sans l’accord du Betriebsrat.

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