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LCP-AN – MERCREDI 2 OCTOBRE À 20 H 30 – DOCUMENTAIRE

C’est le constat d’un grand « gâchis » : celui de parcours d’études empêchés, de carrières avortées, de santés abîmées à des âges où la vie commence à peine à se construire. Autant de conséquences des violences et discriminations auxquelles se retrouvent confrontées massivement les étudiantes et les jeunes chercheuses à l’université, dont l’ampleur est retracée dans le documentaire de Charlotte Espel.

Quelques décennies après l’entrée à part égale des femmes à l’université, le sort réservé à celles qui y étudient ou se projettent dans une carrière universitaire est encore indigne : en France, une étudiante sur dix a été victime d’agression sexuelle lors de ses études, une étudiante sur vingt de viol, rappelle le documentaire. Il ne s’arrête pas là et s’attache surtout à montrer l’impact durable que peuvent avoir ces violences sur leurs trajectoires, professionnelles mais aussi personnelles − la prescription de médicaments pour traiter les symptômes survenus après l’agression revenant souvent.

Lire l’enquête (2020) : Article réservé à nos abonnés Des étudiantes et chercheuses en archéologie dénoncent le sexisme qui y règne

Alors qu’en écoles de commerce ou d’ingénieurs, des enquêtes internes ont mis au jour l’ampleur des violences qui s’y déploient, peu d’intérêt est encore porté à ce qui se joue dans les dédales des facs et des centres de recherche publics. La mise en écho des divers témoignages, que réalise ce film, laisse pourtant bien apparaître l’aspect systémique de violences sexistes et sexuelles qui s’immiscent partout dans le champ universitaire, des soirées étudiantes aux laboratoires scientifiques.

Lire l’entretien (2022) Article réservé à nos abonnés « Dans la recherche, une culture de la souffrance favorise les abus de pouvoir sur les doctorants »

Dans un univers très hiérarchisé, aux disciplines qui se révèlent être des « petits mondes » où tout le monde se croise et se connaît, ces violences sont permises notamment par un déséquilibre des rapports de pouvoir. Ceux des enseignants, qui jouissent par exemple de leur aura dans des filières artistiques, invitant les jeunes femmes à toujours plus « se mettre à nu ». Ceux aussi des directeurs de thèse, contre lesquels la parole peut difficilement s’élever, tant ils ont « droit de vie ou de mort » sur le devenir d’un doctorat et sur les opportunités professionnelles qui le suivent, comme le raconte une doctorante.

Lire l’enquête (2021) Article réservé à nos abonnés Violences sexuelles et sexistes : les enquêtes se multiplient dans l’enseignement supérieur, sommé d’agir

En matière de prise de parole, le documentaire montre spécifiquement combien elle est rendue difficile, des phénomènes de sidération ou d’emprise à l’absence de sentiment de légitimité face à des figures tutélaires et à des cultures profondément ancrées. Mais aussi dans un contexte d’absence de mobilisation sérieuse des directions des universités pour enrayer ces violences. Les chiffres cités parlent d’eux-mêmes : 45 % des étudiants n’ont accès à aucun dispositif de lutte contre les violences ou d’accompagnement au sein de leur établissement.

Etudiantes en terrain miné, de Charlotte Espel (Fr., 2023, 52 min).

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