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Histoires Web samedi, septembre 28
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Hacène Belmessous est chercheur indépendant et écrivain. Il porte ses recherches et enquêtes sociales sur la ville. Derniers livres parus : Paris n’est plus une fête (Les Voix urbaines, 2024), Petite histoire politique des banlieues populaires (Syllepse, 2022), Les Laboratoires de la haine. Enquête sur la face cachée du frontisme municipal (Demopolis, 2019), Le Grand Paris du séparatisme social (Post-Editions, 2015).

Dans les pratiques d’habiter, l’urbanité est une manière particulière de négocier les rapports aux autres et, par conséquent, une aptitude à l’intégration sociale et culturelle. Que reste-t-il de ces ambitions aujourd’hui ?

Les bonnes intentions ne manquent pas, on le constate à chaque campagne électorale. Pour autant, à quelle échelle situe-t-on le vivre-ensemble ? A l’échelle d’un bâtiment, d’une rue, d’un quartier ? Il ne suffit pas en effet d’édifier des immeubles, ou d’aménager un espace public ou privé pour décréter le vivre-ensemble. Or, qu’observe-t-on dans les faits ? La ville d’aujourd’hui n’existe que si elle a un rendement économique. L’urbanisme est devenu une affaire coconstruite entre les acteurs publics et privés et ne répond plus à ces questions pourtant centrales : quel type de relations s’y opère entre les individus ? Quelle destinée collective souhaite-t-on mettre en place pour faire communauté ? Aussi, questionner l’urbanisme, c’est incidemment s’interroger sur le devenir de la ville publique.

Dès 1940, le régime de Vichy dépossède les communes de leur pouvoir en matière d’urbanisme pour le confier à la délégation générale à l’équipement national, futur ministère de l’équipement. Quelle est la portée de cette décision qui rend les institutions garantes de l’intérêt général ?

Je vois dans cette mesure une méfiance vis-à-vis de la capacité des individus à faire destin collectif localement. L’Etat est le garant de l’intérêt national. Il affirme une position républicaine en assurant une forme d’égalité d’accès au territoire, d’égalité entre les villes. Seulement, il n’est plus le garant du contrat social. Interrogeons-nous : est-ce que l’on peut faire de la ville publique quand le levier de l’économie est un ressort capitaliste ? La réponse est évidemment non, les faits le prouvent. L’Etat ne peut être garant de l’intérêt général dès lors que les intérêts particuliers dominent l’espace public.

Cet article est tiré du « Hors-Série Le Monde : Réinventons la ville », septembre 2024, en vente dans les kiosques ou sur le site de notre boutique.

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