L’annonce a surpris : mercredi 25 septembre, la directrice technique d’OpenAI, Mira Murati, a annoncé sa démission. Embauchée en 2018, cette ingénieure d’origine albanaise était une dirigeante de premier plan de la start-up d’intelligence artificielle (IA) et avait participé au lancement du célèbre robot conversationnel ChatGPT, fin 2022, ou à son équivalent capable de créer des images bluffantes à partir de requêtes écrites, Dall-E. Le même jour, la start-up a dévoilé sur X le départ de deux autres dirigeants : le directeur de la recherche, Bob McGrew, et le vice-président de la recherche, Barret Zoph.
Cette salve de défections a été communiquée dans la cordialité et sans hostilité de part et d’autre. « Les changements de leadership sont une composante naturelle de la vie d’une entreprise, particulièrement pour les entreprises qui croissent aussi vite et sont aussi exigeantes, a écrit sur X, jeudi, le directeur général, Sam Altman, à propos de la société passée de 750 à 1 700 employés. Je ne vais à l’évidence pas prétendre que c’est naturel que ce départ [de Mira Murati] soit si abrupt, mais nous ne sommes pas une entreprise normale. »
Mais, paradoxalement, ces démissions sont le signe d’une forme de normalisation d’OpenAI, née en 2015 comme un projet à but non lucratif visant à « développer une intelligence artificielle générale [un concept désignant une forme de super intelligence] pour le bien de tous ». L’exode de dirigeants est aussi le signe d’une certaine tension autour de la mission et de l’avenir de la structure.
Management trop solitaire et secret
Fin 2023, une fronde interne avait mené au limogeage – puis à la réintégration – de Sam Altman. Les reproches étaient formulés par certains employés, sympathisants du courant de pensée inquiet du « risque existentiel » que l’IA ferait peser sur l’humanité. Mais ils visaient aussi plus largement une politique jugée trop tournée vers le profit et le lancement à court terme de produits commerciaux, notamment depuis la création, en 2019, d’une deuxième structure, à but lucratif, dans laquelle le partenaire Microsoft a investi 13 milliards de dollars (11,7 milliards d’euros). M. Altman était aussi accusé par certains d’avoir un style de management trop solitaire et secret.
Depuis, en mai, l’ex-frondeur Ilya Sutskever, cofondateur et responsable scientifique, a quitté le groupe, avec Jan Leike, responsable de la gestion des risques. En août, un autre cofondateur, Greg Brockman, s’est mis en congé et le chercheur John Schulman a rejoint la start-up d’IA Anthropic.
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