LETTRE DE WASHINGTON
Donald Trump parle et écrit beaucoup, au désespoir de ses conseillers rêvant d’une campagne disciplinée. Mais il arrive que ses silences en disent plus que ses mots. Le 21 septembre, le candidat républicain à la présidendielle se trouvait en meeting à Wilmington, en Caroline du Nord. Selon la coutume sur les routes de campagne, il a rendu hommage, devant ses partisans, à de nombreux responsables et élus républicains locaux. Toutefois, l’ancien président a oublié un nom, pourtant à la une de toute la presse américaine : celui du lieutenant-gouverneur, Mark Robinson. Celui-là même qu’il qualifiait encore, début mars, de « Martin Luther King sous stéroïdes ».
Deux jours plus tôt, la chaîne CNN avait révélé un énième scandale concernant le candidat républicain pour le poste de gouverneur dans cet Etat pivot : pendant plusieurs années, entre 2008 et 2012, Mark Robinson a abondamment fréquenté le forum d’un site pornographique appelé Nude Africa (Afrique nue). Sa découverte de la sexualité, y précisait-il, date de ses 14 ans, lorsqu’il espionnait les femmes dans les douches d’un gymnase. Il se targuait aussi d’être un « nazi noir » et se présentait en amateur de vidéos d’ébats avec des transsexuels. « Hé ouais, je suis aussi un pervers ! », ajoutait-il. En février, pendant les primaires républicaines, Mark Robinson tenait cette fois des propos transphobes. « Si vous êtes un homme le vendredi soir, et que tout d’un coup, le samedi, vous vous sentez femme, et que vous voulez aller aux toilettes pour femmes dans le centre commercial, vous serez arrêté, ou toute autre chose que nous devrons vous faire », disait-il.
Favorable au rétablissement de l’esclavage
Parmi les autres perles effarantes découvertes par CNN, Mark Robinson avait précisé sous pseudonyme, à l’époque de la présidence de Barack Obama, qu’il préférerait encore Hitler à la direction du pays. « L’esclavage n’est pas mauvais. Certaines personnes ont besoin d’être des esclaves. J’aimerais qu’on le rétablisse. J’en achèterais certainement quelques-uns », écrivait-il encore. Dans une vidéo diffusée en amont de ces révélations par CNN, Mark Robinson a nié être l’auteur de ces messages, pourtant recoupés par la chaîne et effacés depuis. Il s’est posé en équivalent du juge conservateur noir de la Cour suprême des Etats-Unis Clarence Thomas, accusé de harcèlement sexuel au moment de son audience de confirmation, en 1991. « Clarence Thomas est célèbre pour avoir dit un jour qu’il avait été la victime d’un lynchage high-tech. Eh bien, il semble que Mark Robinson le soit aussi », a prétendu le candidat républicain.
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