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Histoires Web dimanche, septembre 22
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ARTE – DIMANCHE 22 SEPTEMBRE À 21 H 10 – FILM

Le succès du film La Môme (2007) sur Edith Piaf a assuré la fortune française du néologisme hollywoodien biopic, « film biographique ». Et quand on a su qu’Audrey Tautou incarnerait Gabrielle Chanel sous la direction d’Anne Fontaine, le destin de Coco avant Chanel a semblé scellé : il serait à la couturière ce que le film d’Olivier Dahan fut à la chanteuse, une hagiographie teintée de lucidité.

Quelle surprise, et quel soulagement, de découvrir un thriller sentimental qui met aux prises une jeune femme tenaillée par l’ambition, un débauché moins endurci qu’il ne le croit et un bellâtre dans un affrontement ambigu et étourdissant. Les connaisseurs de la vie de Coco Chanel jugeront de la pertinence biographique du scénario qui couvre une période assez brève allant jusqu’en 1919 (la Grande Guerre étant éludée). Les autres se laisseront aller aux attraits d’un récit énergique qui s’abîme avec délices dans les eaux troubles de la Belle Epoque.

Après un prologue à l’orphelinat apparaît sous les traits d’Audrey Tautou la silhouette vulnérable mais indestructible d’une très jeune femme résolue à échapper à l’existence étriquée de petite main dans la couture, à Moulins (Allier). Sa sœur Adrienne (Marie Gillain) a déjà choisi sa voie : elle sera la maîtresse, et peut-être l’épouse, d’un homme fortuné. Gabrielle s’y résout après avoir rencontré Balsan (Benoît Poelvoorde), un officier de passage à Moulins.

Variation de Barbe-Bleue

C’est dans l’idylle entre ces deux êtres que tout sépare que l’on trouvera le meilleur de Coco avant Chanel. Benoît Poelvoorde propose une espèce de variation de Barbe-Bleue. C’est un roué qui vit dans la terreur du travail et l’amour des chevaux, et n’attire les filles dans son château que pour les séduire. Tout l’art de l’acteur est de prêter à ce personnage sans valeur assez de cœur pour concevoir un peu d’amour pour la cousette. Il faut encore, pour y croire, que l’objet de cet amour sorte des images figées de l’histoire de la haute couture.

Tant que Coco avant Chanel dépeint le duel amoureux entre la future couturière et Balsan, le long-métrage est parcouru d’une vigueur hors du commun pour un film en costume. Audrey Tautou traîne le regard écarquillé et l’universelle compassion d’Amélie Poulain. Ce n’est pas la première fois qu’elle jette cet habit aux orties (voir Dirty Pretty Things, de Stephen Frears, ou la cocotte délurée de Hors de prix).

Gabrielle Chanel aura pour première utilité de reléguer Amélie au musée. L’actrice n’élude aucun des travers de son modèle : l’ambition forcenée, la mythomanie, l’absence de scrupules. Elle ne renonce pas pour autant à la sympathie du public, jouant d’un charme à rebours des lieux communs de la séduction.

Coco avant Chanel, d’Anne Fontaine avec Audrey Tautou, Benoît Poelvoorde, Alessandro Nivola, Marie Gillain, Emmanuelle Devos (Fr., 2009, 110 minutes).

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