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Histoires Web samedi, septembre 21
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De sa jeunesse afghane, Kubra Khademi a décidé de faire le récit en gouaches et en mots. Une petite fille naît en 1989 dans une famille hazara qui s’est réfugiée en Iran pour fuir la persécution sunnite, puis revient en Afghanistan. Cette enfant a, aux yeux de toutes et tous, deux défauts impardonnables : elle aime le dessin et la liberté. Celle-ci, elle ne l’a longtemps que dans ses rêves.

Lire le portrait (en 2021) : Article réservé à nos abonnés La plasticienne Kubra Khademi utilise l’art pour dénoncer les abus de toutes sortes

Quant au dessin qu’elle pratique en cachette, il lui vaut colères et punitions corporelles. Près de cent cinquante œuvres sur papier racontent ce quotidien, la maison, la vie des femmes, la découverte du corps à mesure qu’il grandit, quelques fêtes ; mais, plus souvent, les interdits religieux, les prières obligatoires, la menace de l’enfer, les châtiments et l’enrôlement forcé des garçons. Le dessin synthétise figures et objets, découpés par un trait continu.

Intensité chromatique

Chaque forme a sa couleur propre, qui s’inscrit exactement à l’intérieur de ces lignes. Architectures et paysages ne sont indiqués que quand leur présence a du sens. Sinon, le papier reste blanc et l’intensité chromatique de l’œuvre n’en est que plus intense. Le récit s’achève au moment où la jeune fille peut entrer dans une école d’art à Kaboul, en 2008. En 2015, après sa performance Armor, qui dénonce le sort des femmes afghanes, elle a dû s’exiler en France, où elle vit et travaille depuis.

Lire le récit (en 2021) : Article réservé à nos abonnés Kubra Khademi, de l’Afghanistan à la France pour oublier la haine

Si nombreuses soient-elles, les gouaches exposées ne sont néanmoins qu’une partie de celles que l’artiste a exécutées et qui sont toutes réunies dans son livre La Fille et le dragon (Denoël, 392 pages, 39,90 euros). L’anthropologue Nicole Lapierre en assure la part littéraire : elle écrit l’autobiographie de Kubra Khademi à partir de leurs conservations, imprimée en vis-à-vis de l’autobiographie peinte. C’est un livre qu’il faut avoir lu.

« La Fille et le dragon ». Galerie Eric Mouchet, 45, rue Jacob, Paris 6e. Jusqu’au 14 octobre, du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures.

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