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Histoires Web samedi, septembre 21
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LA LISTE DE LA MATINALE

Cette semaine, nous plongeons en eaux profondes : dans la cuisine des sous-mariniers du Terrible, et avec Ocean One K, le robot archéologue chargé d’explorer « le plus grand musée du monde » dans les abysses. Plongée aussi dans le temps et dans l’espace de la guerre éternelle, de la Tollense, champ de bataille de l’âge du bronze, à Gaza, où la vie continue sous les bombes israéliennes. Plongée enfin dans l’imaginaire érotique du corps des hommes, tabou artistique depuis la fin de l’Antiquité.

La dimension lascive du corps masculin

Le regard sur le corps est éminemment politique. C’est ce qu’un cinéma féministe veut faire reconnaître en s’attachant à révolutionner la manière de voir, en se débarrassant du male gaze. Dans ce combat, l’inversion du postulat – de regard de mâle on passe au regard sur le mâle – est déterminante, quand il s’agit d’explicitement « (r) éveiller le désir ».

C’est dans la galerie Obsession, à Paris, où sont mis en lumière des artistes indifférents aux oukases du consensus, que Célia Laborie, dans son documentaire diffusé par Arte, invite à réfléchir sur ces inflexions qui tiennent autant du militantisme que du jeu, avec l’ardeur et la malice que le défi autorise. Si le peintre iranien Alireza Shojaian, qui s’est exilé pour pouvoir célébrer librement sa passion du corps masculin, a, lui, été exposé à l’Institut du monde arabe (« Habibi, les révolutions de l’amour »), c’est la galerie Obsession qui a accueilli « Tomber des nu(e) s », la magistrale exposition conçue par le photographe Marc Martin et son modèle, l’ancien champion de MMA Mathis Chevalier, d’avril à juin.

Déjouant les clichés, pastichant les œuvres d’art comme les codes virils repris du cinéma, le corps de Mathis Chevalier rappelle que le nu masculin a longtemps incarné, glorieux ou souffrant, des valeurs morales, de la statuaire grecque aux corps des martyrs, mais qu’il est temps de lui donner aussi la dimension lascive, insouciante aussi qu’on lui refusait. D’une virilité aussi franche que survoltée, Mathis Chevalier joue avec le regard du photographe comme avec ceux de la réalisatrice et du spectateur.

Le partage est au cœur de l’échange et à chacun de décider si la proposition relève de l’homoérotisme ou de la jubilation entre complices en malice. Facétieux ou grave, le corps masculin, ici, établit des ponts entre regards savants et jouisseurs, récréation de l’œil et de l’esprit. Le pari répond ici à l’impératif des féministes : rééquilibrer la balance du désir. Ph.-J. C.

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