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Histoires Web vendredi, septembre 20
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Tour à tour professeur en relations internationales à Sciences Po, ministre de la culture au Liban et diplomate pour les Nations unies, Ghassan Salamé est l’auteur d’un nouvel essai, La Tentation de Mars. Guerre et paix au XXIe siècle, publié en mars (Fayard, 392 pages, 25 euros, numérique 17 euros).

Dérégulation de la force, impuissance du multilatéralisme, affaiblissement des Etats-Unis : la guerre qui se déroule à Gaza depuis bientôt un an ne concentre-t-elle pas les dysfonctionnements du monde, dont vous dressez l’inventaire dans votre dernier ouvrage ?

Gaza est un cas majeur de dérégulation de la force, une sorte de déluge de feu qui a suivi l’action sans précédent du 7 octobre 2023. Nous assistons à une ignorance totale du droit humanitaire, à l’usage disproportionné de la force et à la confirmation de ce que nous savons déjà : dans les conflits du XXIe siècle, l’immense majorité des victimes sont des civils. Quant à l’impuissance des Nations unies, elle confirme ce que les gens oublient trop souvent : cette organisation est un ensemble d’institutions, plus ou moins liées les unes aux autres, fonctionnant chacune selon sa propre culture. Certaines sont devenues indispensables dans l’accompagnement des grandes tragédies, comme le Programme alimentaire mondial ou le Haut-Commissariat pour les réfugiés. En dépit de la paralysie du Conseil de sécurité et du climat politique général, ces agences continuent de fonctionner selon les missions qui leur sont assignées.

Est-ce le cas de l’agence qui s’occupe spécifiquement des réfugiés palestiniens, l’UNRWA ?

Bien sûr. Je ne suis pas certain que la campagne menée contre elle était autre chose que politique. Très vite, les Etats qui se montraient complaisants à l’égard de la position israélienne [qui a accusé l’agence onusienne d’employer plus de « 450 terroristes »], en particulier les pays occidentaux, ont compris que la situation à Gaza était dramatique et qu’elle le serait encore plus sans l’UNRWA.

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Comment analysez-vous la position de Washington dans ce conflit ?

Les Etats-Unis font preuve à l’égard de l’Etat hébreu de la même permissivité à l’œuvre depuis la présidence de Harry Truman [1945-1953]. Ils n’ont pas montré aux autorités israéliennes qu’ils étaient prêts à faire usage du « bâton », par une interruption de leurs livraisons d’armes. Au contraire, le président Biden a signé [en avril] le projet de loi attribuant à Israël plus de 14 milliards de dollars [12,7 milliards d’euros] dans le cadre d’une enveloppe d’aide internationale [comprenant aussi l’Ukraine et Taïwan]. Malgré la gravité de la situation à Gaza, je crois pourtant que ce qui s’y passe est un leurre.

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