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Histoires Web vendredi, septembre 20
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Des carcasses de véhicules calcinés sur la chaussée, des appareils électroménagers cabossés, des amas de palettes et de détritus carbonisés à chaque rond-point : après plusieurs nuits d’émeutes survenues en marge d’un mouvement de protestation contre la vie chère, l’avenue Maurice-Bishop, artère importante de Fort-de-France, qui traverse le quartier populaire de Sainte-Thérèse sur plus d’un kilomètre, offrait, dans la journée du mercredi 18 septembre, le spectacle d’un no man’s land.

Le long de cette coulée d’asphalte bordée de commerces, de rares passants constataient les dégâts avec amertume. « Depuis dimanche, je ne peux pas aller au distributeur dans la station-service : on ne peut pas circuler », déplore Fred, un retraité de 63 ans qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Ce riverain de l’avenue s’est vu contraint de garer sa voiture à plusieurs centaines de mètres de sa maison pour la mettre à l’abri des émeutiers. Mais il reste compréhensif. « C’est le seul moyen, pour les jeunes, d’exprimer leur colère », dit le retraité en haussant les épaules.

Une bouteille d’eau à la main, Guy, 60 ans, doit arpenter toute l’avenue à pied, jusqu’au quartier de Dillon, aux abords de l’autoroute, pour regagner son domicile, dans la commune voisine du Lamentin. « J’espère que je trouverai quelqu’un qui me prendra en stop », dit cet artiste. En effet, en raison des blocages, les transports en commun sont à l’arrêt sur cet axe crucial qui mène à l’aéroport. « Ces gens-là prennent le peuple en otage », maugrée le sexagénaire, dépité.

« Un maximum d’interpellations »

Dans ce quartier sensible de Fort-de-France, situé à proximité du Grand Port maritime de Martinique, les embrasements sporadiques n’ont rien d’exceptionnel. Cette fois-ci, l’étincelle qui a mis le feu aux poudres aura été un mouvement de protestation contre la vie chère, lancé par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC). Depuis le 1er septembre, ce collectif, très actif sur les réseaux sociaux, multiplie les appels à manifester pour exiger des baisses des prix dans les grandes surfaces.

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Après plusieurs nuits émaillées de pillages et d’affrontements entre émeutiers et forces de l’ordre, le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier, annonçait, mercredi en fin de journée, l’instauration d’un couvre-feu entre 21 heures et 5 heures du matin dans les quartiers de Sainte-Thérèse et de Dillon, ainsi que dans plusieurs autres zones d’activités de Fort-de-France et du Lamentin. La mesure est entrée en vigueur le soir même. Les déplacements nocturnes sont interdits « pour une durée limitée renouvelable » jusqu’au 23 septembre, indique la préfecture dans un communiqué.

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