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Histoires Web jeudi, septembre 19
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Mais à quoi joue le lézard sur cette photo ? A-t-il redécouvert l’art du souffleur de verre ? Souffre-t-il d’une mauvaise circulation sanguine et expérimente-t-il un traitement par ventouses ? Evidemment pas. Mais la vérité est à peine moins surprenante. La bulle d’air – car c’est de cela qu’il s’agit – qu’il porte sur le nez lui offre une originale source de respiration, de quoi rester sous l’eau plus de vingt minutes.

Dans un article publié mardi 17 septembre dans la revue Biology Letters, la biologiste Lindsey Swierk, de l’université d’Etat de New York, détaille tout à la fois le mécanisme et l’apport de cette bouteille d’oxygène. Les Anolis aquaticus profitent du caractère hydrophobique de leur peau qui permet la formation d’une mince pellicule d’air entre l’eau et la surface du corps. Des petites bulles viennent alors se joindre à l’air exhalé par l’animal pour former cette grosse bulle.

C’est en suivant ces petits lézards d’Amérique latine, au Costa Rica, il y a dix ans, que la chercheuse et deux de ses collègues ont observé pour la première fois le phénomène. Devant son caractère à la fois original et répété, le hasard semblait une explication impossible. « Nous avons émis l’hypothèse que ça leur permettait de rester plus longtemps sous l’eau », explique-t-elle. Les chercheuses ont tenté d’en apporter la preuve.

Opération plongeon

Elles sont par exemple parvenues à montrer que, dans la bulle, la pression de l’air diminuait avec le temps au cours d’une même plongée, « signe que les anoles utilisaient l’air pour respirer ». Mais était-ce bien efficace ? Autrement dit, la bulle leur permettait-elle de rester plus longtemps sous l’eau ?

Avant d’aller plus loin, Lindsey Swierk rappelle que cette technique de protection ne constitue pour elle qu’un plan C. « Les anoles ont une capacité de camouflage excellente et leur première ligne de défense consiste à ne pas bouger », indique la chercheuse. Les oiseaux, serpents et autres gros lézards passent souvent sans les voir. En cas d’échec, le plan B est actionné, la fuite. La moindre crevasse leur offre alors protection. Mais si cette deuxième stratégie fait aussi long feu, ils passent à l’opération plongeon.

Leur peau hydrophobe se charge du reste pour former la fameuse bouteille d’oxygène nasale. En vérifier le rôle passait par une comparaison entre deux groupes de lézards, avec ou sans bulle d’air. Lindsey Swierk a couvert la peau de certains d’entre eux avec un produit émollient. Sans surprise, les individus ainsi traités ont vu le nombre de petites bulles formées sur la peau se réduire et, surtout, leur temps d’autonomie sous l’eau chuter de 32 %.

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