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A Bercy comme au Parlement, le budget 2025 est déjà dans tous les esprits. Après deux années consécutives où les projets de lois de finances (PLF) et de financement de la Sécurité sociale (PLFSS, 2023 et 2024) ont été adoptés sans vote, grâce au recours à l’article 49.3 de la Constitution – soit une vingtaine au compteur pour la première ministre de l’époque, Elisabeth Borne –, l’exercice budgétaire qui s’engage dès cet automne est sans doute l’épreuve politique et institutionnelle la plus périlleuse pour le futur gouvernement.

« Le vote du budget va être extrêmement difficile sans majorité à l’Assemblée nationale. Il faut envisager sérieusement l’hypothèse qu’il n’y ait pas de loi de finances au 31 décembre », avance Jean-Pierre Camby, professeur associé de droit constitutionnel à l’université Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines (Paris-Saclay).

Le spectre d’une paralysie de l’Etat, faute de crédits budgétaires votés à temps, se pose désormais. L’absence de majorité au Palais-Bourbon met en lumière la nécessité d’un aval du Parlement sur le budget, puisque les députés pourraient le rejeter, adopter une motion de censure en réponse à un 49.3 ou refuser au gouvernement de légiférer par ordonnances.

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Les négociations budgétaires, qui s’étaient transformées, sous la précédente législature, en un chemin de croix pour Elisabeth Borne, s’apparentent désormais à « la quadrature du cercle », craint, en privé, le ministre démissionnaire délégué au budget, Thomas Cazenave. En position de force, les oppositions, qui, par tradition, ne votent pas le budget, entendent tirer profit de la période, alors qu’Emmanuel Macron avait justifié en partie la dissolution de l’Assemblée nationale face au risque d’une motion de censure à l’automne.

Mardi, le député (Rassemblement national) de la Somme Jean-Philippe Tanguy évoquait, lui, « le tsunami budgétaire, la purge sociale qui arrivera malheureusement cet automne ». « La situation budgétaire de notre pays est catastrophique », soutient la députée (Les Républicains, LR) de l’Orne Véronique Louwagie, membre du groupe de la Droite républicaine.

« Un certain flottement »

Depuis le début de l’année, la dégradation des finances publiques pèse lourdement sur l’action de l’exécutif. L’Etat est à la recherche de 25 milliards d’euros d’économies pour 2025 afin de faire respecter sa promesse de revenir sous les 3 % de déficit en 2027, alors que celui-ci a dérapé à 5,5 % en 2023. Entre-temps, la Commission européenne a épinglé en juin la France sur son niveau abyssal d’endettement (3 160 milliards d’euros) et a ouvert une procédure pour déficit excessif, comme pour six autres pays de l’Union européenne.

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