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Histoires Web dimanche, octobre 6
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Il est encore très tôt, dimanche 7 juillet au matin. Dans le quartier du port de Nice, les commerces ouvrent doucement. Nicole Durand, 85 ans, s’est assise sur un banc qui donne sur la mer pour « réfléchir ». Elle ne sait pas quoi voter lors de ce second tour des élections législatives, qui fait suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin. Elle pense à ses trois arrière-petits-enfants, et à la « pagaille » qu’elle va leur laisser.

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Celle qui a connu la guerre et puis les « trente glorieuses » s’inquiète : « On a vécu une bonne période jusqu’à la fin des années 1980. Mais, là, tout est complètement déstabilisé. Et quand c’était bon, quand c’était faste, on en a à peine profité, on s’en rendait même pas compte. » Aujourd’hui, elle a la mine contrariée. Elle préfère dire qu’elle a « perdu la foi » : « J’ai demandé à mes petits enfants ce qu’ils voulaient que je vote. Après tout, je m’en fous, c’est fini pour moi. Mais même eux ne savent pas. »

Dans la cour d’école des Baumettes, bureau de vote d’Eric Ciotti, président contesté du parti Les Républicains (LR), Jeannine Duhamel, 97 ans, et Solène Bernard, 78 ans, sont moins indécises que Nicole. Brushing et robes du dimanche, elles se sont « faites élégantes » pour venir saluer le candidat. Elles l’ont déjà raté la semaine dernière. Pas cette fois. Postées sur un banc, elles l’attendent de pied ferme.

Elles veulent le saluer pour le « courage » et la « clairvoyance » dont il a fait preuve, selon elles, en décidant de s’allier avec le Rassemblement national (RN). « C’est tout sauf un traître, c’est un homme prévoyant », dit Solène Bernard. Elles craignent que, malgré les excellents scores du parti d’extrême droite au premier tour, « ce ne soit pas encore complètement l’heure pour le RN ».

Voter RN « pour voir »

« De toute façon, quand on parle du RN aux gens, à part Hitler et Pétain, ils n’ont rien à répondre » pour expliquer pourquoi ils sont contre, estime Solène Bernard. La droite traditionnelle, selon elle, s’est ramollie. « Tu te souviens du RPR [Rassemblement pour la République, ancêtre de LR] ?, demande-t-elle en se tournant vers son amie. [Charles] Pasqua, ça, c’était quelque chose ! » Elles rient.

Dehors, les équipes d’Eric Ciotti s’affairent. Elles tentent d’effacer une insulte inscrite au marqueur sur l’affiche du candidat LR-RN avant son arrivée. « Dépêche-toi, il est là », prévient un des communicants. La semaine a été tendue. Les colères d’Eric Ciotti ont bruissé dans la ville. Le quotidien Nice-Matin a même publié un édito, le 5 juillet, après une prise à partie de deux de ses journalistes par le député.

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