
« Suiveuses de guerre. De l’Ancien Régime à l’Empire », de Marion Trévisi, PUF, 390 p., 25 €, numérique 20 €.
Parmi les nombreuses parutions en sciences humaines, il est rare qu’émerge un domaine réellement inexploré de la connaissance. C’est le cas avec Suiveuses de guerre, où l’historienne Marion Trévisi met au jour la présence significative des femmes au sein des armées de l’époque moderne. Un sujet dont on se demande, en découvrant sa richesse, comment il se fait que personne ne s’y soit intéressé jusqu’ici.
A la fin de l’Ancien Régime, entre 5 % et 10 % des effectifs totaux étaient composés de femmes accompagnant les troupes régulières. Un nombre non négligeable, pourtant resté inaperçu aux yeux des historiens, à l’exception de quelques stéréotypes – la cantinière gouailleuse, la fragile épouse d’officier, la prostituée débauchée –, qui ont longtemps empêché que les femmes réelles qu’ils dissimulaient fassent l’objet d’études spécifiques.
Dix ans de recherches
C’est donc l’histoire d’oubliées, de femmes invisibilisées que retrace Marion Trévisi, professeure à l’université de Picardie-Jules-Verne et spécialiste d’histoire familiale et militaire. Particulièrement méthodique et documentée, son étude est le fruit d’un exercice académique très balisé : l’habilitation à diriger des recherches. Passage obligé dans la carrière des enseignants-chercheurs avant d’accéder au rang de professeur, cette habilitation permet d’évaluer leur capacité à encadrer des thèses de doctorat. Pour le maître ou la maîtresse de conférences, il s’agit alors de présenter un dossier scientifique inédit, attestant la qualité de sa pratique professionnelle.
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