Le 13 novembre, Mehdi Kessaci, 20 ans, frère d’Amine Kessaci, militant écologiste engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, a été assassiné à Marseille. Au-delà de l’émotion suscitée par le drame, cet assassinat pose la question de l’évolution des violences criminelles, c’est-à-dire des moyens d’action des trafiquants de stupéfiants dans la métropole marseillaise.
Ce « meurtre d’avertissement », selon les premiers éléments de l’enquête, ne constitue pas un règlement de comptes entre malfaiteurs, dans la mesure où il ne s’inscrit pas sur fond d’activités criminelles menées par la victime et que celle-ci n’entretenait aucun lien avec les trafiquants de stupéfiants. Il constitue plutôt un « narchomicide », notion créée en 2023 par Dominique Laurens, alors procureure de la République près du tribunal judiciaire de Marseille, pour rassembler toutes les victimes des violences criminelles.
En 2023, ces trafics ont provoqué la mort de 49 personnes, dont 4 étaient des victimes collatérales – c’est-à-dire qu’elles n’étaient pas la cible des trafiquants. Ce chiffre de 49 tués est tombé à 24 victimes en 2024 – et pour le moment seulement à 9 en 2025. Il a constitué le plus haut pic des violences criminelles atteint depuis 1986 et 1987, années durant lesquelles on a enregistré 44 et 45 homicides entre malfaiteurs. Dans l’intervalle entre 1987 et 2023, une quinzaine à une trentaine de morts par an étaient enregistrées.
Ces deux pics, distants de près de quarante ans, sont essentiellement liés aux conflits entre des équipes criminelles désireuses de conserver ou d’agrandir un marché ou un territoire. Ainsi, dans la deuxième moitié des années 1980, il s’agissait pour les groupes emmenés par Jacky Imbert et Francis Vanverberghe de s’approprier les affaires de Gaëtan Zampa. De nos jours, le clan Yoda et la DZ Mafia se sont affrontés plusieurs années pour conquérir de nouveaux points de deal dans les quartiers nord de Marseille, jusqu’à ce que la fuite au Maroc du chef du clan Yoda en 2023 ait permis, semble-t-il, à la DZ Mafia de s’implanter dans les territoires convoités.
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