Le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) son intention de porter plainte contre des propos « clairement révisionnistes » tenus à l’occasion de l’hommage rendu, samedi 15 novembre, « au maréchal Pétain et à ses soldats » dans une église de Verdun.
Selon le préfet, « un tout petit nombre » de personnes, « une vingtaine au maximum », ont assisté à cette messe. Le maire de la ville, Samuel Hazard (divers gauche), avait pris un arrêté pour l’interdire, mais il a été annulé vendredi par le tribunal administratif de Nancy.
M. Delarue a précisé s’être entretenu avant la messe avec le prêtre qui l’a célébrée, afin de s’assurer que les règles découlant de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat soient respectées, c’est-à-dire qu’aucune prise de parole ou distribution de tracts de nature politique n’ait lieu.
Mais à la sortie de l’église Saint-Jean-Baptiste, où s’est déroulé l’office religieux, le président de l’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP), Jacques Boncompain, a déclaré devant des journalistes que le chef du régime de Vichy, condamné à mort en 1945, avait été « le premier résistant de France ».
« Vous n’avez pas peur des poursuites », lui a lancé une manifestante, alors que des policiers surveillaient la conversation. Le procès de Philippe Pétain en 1945 « ne répondait pas aux critères d’équité », a également estimé M. Boncompain, alors qu’une personne le traitait de « révisionniste ! ».
Plusieurs élus présents
Sous les huées, un militant d’extrême droite, Pierre-Nicolas Nups, ancien candidat aux législatives de 2024 en Meurthe-et-Moselle sous la bannière du Parti de la France, a interprété Maréchal, nous voilà, le chant à la gloire du chef du régime de Vichy.
Le préfet a dit envisager également une plainte contre « deux individus » liés au Parti de la France « qui n’ont pas cessé de harceler les forces de l’ordre ».
L’ADMP avait été autorisée par l’archevêque-évêque de Metz, administrateur apostolique de Verdun, à célébrer la messe pour le repos de l’âme du maréchal Pétain et des victimes de toutes les guerres.
A l’extérieur, un photographe de l’AFP a dénombré une vingtaine de policiers et de gendarmes, tandis qu’une centaine de manifestants protestaient dans le calme, en chantant La Marseillaise. Plusieurs élus étaient présents avec leur écharpe tricolore.
« Je suis profondément heurté, parce que je pense à toutes les victimes de la barbarie nazie et de la révolution nationale, l’idéologie du maréchal Pétain », a déclaré à la presse Samuel Hazard. « Ce n’est pas possible qu’on dérive comme cela », a déclaré Mariette Descamps, une paroissienne portant une pancarte où l’on pouvait lire « Catho, pas facho ». « Je suis désolée de ce qui se passe aujourd’hui », a-t-elle ajouté.
Philippe Pétain, héros de la première guerre mondiale, a été frappé d’indignité nationale en 1945.












