Battre le record du monde dans sa discipline est forcément un moment spécial pour un athlète. Mais quand cela se produit en ouverture d’une saison marquée par le plus grand rendez-vous international de son sport, la chose se gorge de promesses. Le cri de Timothy Loubineaud au moment de franchir, en vainqueur, la ligne, à Salt Lake City (Utah, Etats-Unis), vendredi 14 novembre, en atteste.
A trois mois des Jeux d’hiver de Milan-Cortina (du 6 au 22 février 2026), le Français a abaissé la référence du 5 000 mètres, lors de la manche inaugurale de la Coupe du monde de patinage de vitesse, première épreuve prise en compte pour l’attribution des quotas via le classement spécial pour la qualification olympique.
Le natif d’Arcachon (Gironde), âgé de 29 ans, a bouclé ses douze tours et demi de l’anneau qui fut le théâtre des JO 2002 en 6 min 00 s 23. Sept secondes de mieux que sa meilleure performance sur la distance, 1 s 23 de moins que la marque de Nils Van Der Poel (6 min 1 s 56, le 3 décembre 2021), établie quelques semaines avant les JO de Pékin 2022, où le Suédois s’était offert un doublé en or sur le 5 000 m et le 10 000 m. Ce dernier fut d’ailleurs le premier à lui envoyer un message de félicitations : « Now you’re the GOAT » (Greatest of All Time, « maintenant, tu es le meilleur de tous les temps »).
« J’avais prévu de courir à 6 min 10 s »
Une prouesse à laquelle Timothy Loubineaud, lui-même, ne s’attendait pas, n’ayant jamais ne serait-ce qu’approché un podium sur la distance. « Nous n’avons pas de pistes en France, et je ne suis pas non plus le plus talentueux, du moins je ne me sens pas être le patineur le plus talentueux de la planète, a-t-il déclaré auprès de l’International skating union, la fédération internationale. Pour être honnête, quand je me suis réveillé ce matin, j’avais prévu de courir à 6 min 10 s avec mon coach. »
Et de poursuivre : « J’ai commencé la course sans me soucier du temps (…) Après quelques tours, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je me sentais tellement bien que j’ai continué à accélérer et à améliorer mon rythme. C’était incroyable. Puis, j’ai compris que je pouvais battre le record du monde quand j’ai vu la foule devenir de plus en plus enthousiaste et que mon entraîneur criait. Je me suis dit que mes jambes étaient peut-être un peu plus en forme que prévu. »
Il signe sa troisième victoire en Coupe du monde – les deux précédentes étant sur l’épreuve de mass start (départ groupé), à Nagano (Japon) en novembre 2024 et à Calgary (Canada) en janvier 2025. Ce succès lui permet de rêver à une toute première participation aux Jeux, lui qui a fait ses premiers pas sur la glace en 2017, après des années de roller, précisément dans l’espoir de prendre part, un jour, à la grand-messe olympique.











