Les autorités chinoises recommandent à leurs ressortissants d’éviter de se rendre au Japon, en plein accès de tensions entre les deux pays depuis des propos de la première ministre nippone, Sanae Takaichi, au sujet d’une possible intervention militaire pour défendre Taïwan.
« Récemment, des dirigeants japonais ont tenu des propos ouvertement provocateurs à l’égard de Taïwan, nuisant gravement au climat des échanges entre les peuples », a déclaré, vendredi 14 novembre dans la soirée, l’ambassade de Chine au Japon sur les réseaux sociaux.
« Le ministère des affaires étrangères ainsi que l’ambassade et les consulats de Chine au Japon rappellent solennellement aux citoyens chinois d’éviter de se rendre au Japon dans un avenir proche », ajoute-t-elle, évoquant « des risques importants » pour leur sécurité.
Les principales compagnies aériennes chinoises ont d’ailleurs annoncé, dès samedi, proposer à leur clientèle le remboursement intégral de leurs vols pour le Japon. Air China, China Southern et China Eastern ont toutes diffusé des communiqués distincts pour rendre publique cette mesure, qui permet aux détenteurs de billets d’avion entre le 15 novembre et le 31 décembre de modifier leur itinéraire sans frais ou de se faire rembourser.
Le 7 novembre, la nouvelle cheffe du gouvernement japonais avait déclaré au Parlement que si une situation d’urgence à Taïwan impliquait « le déploiement de navires de guerre et le recours à la force cela pourrait constituer une menace pour la survie du Japon ». « Nous devons envisager le scénario du pire », a-t-elle ajouté. Ses propos ont été largement interprétés comme un signe qu’une attaque contre Taïwan pourrait justifier un soutien militaire de Tokyo.
« Couper cette sale tête »
Selon ses propres règles, le Japon ne peut intervenir militairement que dans certaines conditions, notamment en cas de menace pour son existence. Or, Taïwan, dont Pékin revendique la souveraineté et menace de s’emparer par la force, est située à une centaine de kilomètres seulement d’une île japonaise. Le Japon avait pris le contrôle de Taïwan en 1895, avant de la rétrocéder en 1945 au gouvernement chinois.
Pékin, qui juge les déclarations de Sanae Takaichi « extrêmement graves », a annoncé, vendredi, avoir convoqué l’ambassadeur du Japon. Les autorités nippones disent avoir fait de même avec l’ambassadeur de Chine, après une menace jugée « extrêmement inappropriée » de la part du consul général de Chine à Osaka, Xue Jian.
Dans un message diffusé sur X, supprimé depuis, le diplomate chinois avait menacé de « couper cette sale tête sans la moindre hésitation », en citant un article relatant les propos de Mme Takaichi. Vendredi, Tokyo a affirmé que sa position au sujet de Taïwan restait « inchangée » et a préconisé « la paix et la stabilité ».
Samedi, après l’avertissement de la Chine à ses ressortissants, le secrétaire général du gouvernement japonais, Minoru Kihara, a regretté une recommandation « en contradiction avec la promotion d’une relation stratégique et mutuellement bénéfique » entre Tokyo et Pékin, d’après l’agence Jiji Press.











