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Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mardi 11 novembre, à Saint-Omer (Pas-de-Calais), pour rendre hommage à Mathis, 19 ans, mortellement percuté le 1er novembre à Lille par un automobiliste ayant consommé du protoxyde d’azote et fuyant la police. La marche blanche s’est élancée d’un grand parc où Mathis avait ses habitudes, avant de cheminer en ville. Proches et anonymes, vêtus de blanc, certains portant des tee-shirts à l’effigie du jeune homme, ou des vêtements qu’il avait lui-même créés, ont défilé dans le calme pour lui dire « un dernier au revoir ».

Le 1er novembre, à 4 h 48 du matin, Mathis traversait une rue du centre-ville lorsqu’il a été percuté par un véhicule qui roulait à vive allure. Selon le procureur de la République de Lille, Samuel Finielz, le conducteur, âgé de 31 ans, avait plusieurs fois refusé d’obtempérer aux injonctions des policiers.

L’enquête a aussi établi « une consommation de protoxyde d’azote contemporaine de la conduite ». Quelques mètres après l’accident, le mis en cause a tenté de fuir à pied avant d’être interpellé. Déjà connu pour des délits routiers, il a été mis en examen pour homicide routier aggravé et placé en détention provisoire. Il conteste avoir conduit le véhicule.

« Perdre notre meilleur ami à 19 ans, le soir de Halloween, alors qu’il rentrait tranquillement d’une soirée où il s’était bien amusé, ce n’est pas normal », a confié à l’Agence France-Presse Tom, 20 ans, présent à la marche blanche. A l’issue de cette dernière, Emmanuel, le père de Mathis, habitant d’une commune voisine, a pris la parole au micro : « Je voulais tous vous remercier, la famille, les amis, les inconnus (…) si ça peut nous aider à ce que la justice soit plus ferme, qu’il n’y ait plus de protoxyde d’azote, je ne veux pas qu’il y ait de nouveau Mathis qui s’en aille un jour. »

Un vide juridique dénoncé par les proches de la victime

Les parents de Mathis réclament la « sévérité » et une loi interdisant spécifiquement de conduire quand on a consommé du protoxyde d’azote. Ils demandent à rencontrer le ministre de la justice, Gérald Darmanin, « pour lui faire des propositions concrètes ».

Aujourd’hui, il n’existe pas de loi « qui réprime la conduite après usage de protoxyde d’azote », déplore leur avocat, Antoine Régley. Or, « c’est un fléau grandissant, extrêmement inquiétant » au volant, « certains conducteurs perdent la vue quelques secondes, d’autres se sentent invincibles ».

En mars, le Sénat a voté la pénalisation de l’usage détourné du protoxyde d’azote ou « gaz hilarant », sans viser spécifiquement la conduite ni aller jusqu’à interdire totalement sa vente aux particuliers, comme l’avaient fait auparavant les députés. L’avenir de cette loi dépendra des négociations entre les deux chambres.

Originaire d’Haïti, Mathis a été adopté par un couple du Nord. Il travaillait dans un fast-food de la banlieue lilloise et préparait son bac en candidat libre. Sous le pseudo MPX, il écrivait aussi quelques textes de rap. A Lille, près du lieu du drame, de nombreux hommages lui ont déjà été rendus sous forme de messages et de fleurs attachés à un arbre. Les obsèques du jeune homme ont eu lieu, lundi, dans l’intimité familiale.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La silencieuse et destructrice propagation du gaz « hilarant » : « Plus t’en prends, plus t’es défoncé. J’oubliais tout, je ne pensais qu’à ça »

Le Monde avec AFP

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