A l’entendre depuis le box des détenus du tribunal correctionnel de Marseille, Yassine Akhazzane est un simple « voleur de voitures ». A écouter le procureur qui, mercredi 29 octobre, a requis contre lui quinze ans de prison avec une mesure de sûreté des deux tiers pour association de malfaiteurs – un projet d’assassinat déjoué en janvier 2021 –, « Balou » – c’est son surnom – est « le chef d’orchestre d’une équipe structurée qui présente tous les marqueurs de la criminalité organisée corse et de son emprise mafieuse ».
Dans une note de la police nationale recensant 20 bandes criminelles corses, celle que dirigerait Yassine Akhazzane est présentée comme « la première équipe du banditisme insulaire construite autour d’individus issus de la communauté maghrébine et des gens du voyage ».
Le 4 janvier 2021, quatre mois après une libération conditionnelle, Yassine Akhazzane, 37 ans, et deux jeunes hommes, habitants comme lui de Propriano (Corse-du-Sud), sont interpellés sur un chemin de terre de la commune d’Afa, près d’Ajaccio, à bord d’un véhicule volé. Passager, il serre entre ses jambes une Kalachnikov prête à l’emploi, dont deux chargeurs ont été scotchés l’un à l’autre pour accélérer le rechargement. Il a endossé un gilet pare-balles. Les occupants du véhicule ont glissé des cagoules et des gants en latex dans leurs poches. Dans le coffre, un bidon d’essence. « Tout est réuni pour un passage à l’acte imminent », résume le procureur. Selon l’accusation, un contrat a été confié à Yassine Akhazzane par Louis Carboni, un baron du banditisme corse, pour l’exécution d’un membre d’un clan adverse, dans le but de venger l’assassinat de l’un de ses fils, Jean-Antoine Carboni, en août 2020.
« Un accident est vite arrivé »
Devant le tribunal, Yassine Akhazzane et ses deux lieutenants – contre lesquels il a été réclamé dix ans de prison – ont maintenu qu’ils se rendaient à un rendez-vous pour vendre l’arme et le véhicule volé. « Vous pensez qu’on allait tuer quelqu’un, mais si vous aviez attendu une demi-heure, vous auriez pu interpeller l’acheteur », disait déjà Yassine Akhazzane durant l’instruction. Il justifie les précautions prises par le fait que, « à 16 ans, j’avais un rendez-vous d’achat d’armes et on m’a tiré dessus ». Et d’enfoncer le clou : « Un accident est vite arrivé. »
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