L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Qu’est-ce qu’il y a dans la tête d’un monstre ? La quête d’une réponse à cette question peut sans doute résumer, en partie du moins, l’ambition du metteur en scène russe Kirill Serebrennikov lorsqu’il a choisi d’adapter le récit romanesque d’Olivier Guez, La Disparition de Josef Mengele, qui obtint le prix Renaudot en 2017 (Grasset). Basé sur une documentation historique précise et fouillée, l’ouvrage d’origine se donnait pour tâche de décrire la fuite d’un des plus grands criminels de guerre nazi, Josef Mengele, surnommé « L’Ange de la mort ».
Médecin d’origine bavaroise issu d’une famille de la grande bourgeoisie, membre de la SS, Mengele était chargé, au camp d’Auschwitz, de sélectionner les déportés, juifs, Tziganes, handicapés. Les uns étaient dirigés vers les chambres à gaz, d’autres condamnés au travail forcé, certains, enfin, étaient utilisés comme cobayes et livrés à des expériences médicales dont l’horreur dépasse tout entendement.
Obsédé notamment par les gènes de la gémellité, par l’idée d’une pureté de la race aryenne, Mengele menait ses recherches avec la certitude de servir les objectifs du Reich, l’idéologie nazie chevillée au corps. Il s’enfuit, à la fin de la guerre en Amérique du Sud, en Argentine d’abord, puis, après la chute de Peron, au Paraguay et enfin au Brésil. Les services secrets israéliens sont à ses trousses, la justice allemande se décide à émettre un mandat d’arrêt. L’homme échappera pourtant à ceux qui le traquent et mourra au Brésil en 1979. Ce sont à ces années d’exil et de fuite en Amérique latine que s’intéresse le récit.
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