Avec sa frange et son air perpétuel d’adolescent, Christian Caujolle aura marqué le monde de la photographie en France pendant près de cinquante ans et joué un rôle majeur dans sa reconnaissance. En tant que journaliste puis chef du service photo pour Libération, il a convaincu du regard singulier que pouvaient apporter les photographes, bien au-delà d’un rôle d’illustration. Fondateur de l’agence puis de la galerie Vu, il a accompagné l’intégration de la photographie dans le monde de l’art, consacrant livres et expositions à des photographes de toute sorte – il n’exécrait qu’un seul style, le « décoratif ». Atteint d’un cancer, ce pédagogue passionné qui se disait « journaliste irréductible » est mort lundi 20 octobre, à Tarbes, à l’âge de 72 ans.
C’est dans les mots que Christian Caujolle a commencé sa vie : passionné de littérature, ce fils de militaire, élevé dans la ferme de ses grands-parents en Ariège, dévore Romain Rolland avant ses 10 ans, puis enchaîne avec Rimbaud, Kafka… Après son bac, il rejoint Toulouse pour une classe préparatoire. C’est là qu’il a une révélation pour la photographie en 1972, quand il rencontre Jean Dieuzaide, photographe emblématique de Toulouse : « La photo, c’était pour moi un album exotique de voyage, racontera-t-il au Monde. Pour la première fois, je vois des photos encadrées au mur et je découvre le livre Paris de nuit [1933] de Brassaï… »
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