Les grandes banques américaines ne sont plus tenues de porter une attention particulière aux risques liés au changement climatique qui pèsent sur leur activité, ont annoncé, jeudi 16 octobre, les agences de régulation des Etats-Unis, dont la Réserve fédérale (Fed, banque centrale).
« Bon débarras », a commenté en deux mots un des responsables de la Fed, le gouverneur Christopher Waller, dans un communiqué. Il est l’un des candidats pressentis pour prendre la tête de l’institution monétaire quand le mandat de Jerome Powell s’achèvera, au printemps prochain. Il doit pour cela être désigné par Donald Trump.
En octobre 2023, une série de recommandations avaient été publiées pour que les banques se penchent sur les risques climatiques qui peuvent faire vaciller leur activité. La multiplication, par exemple, des incendies, des inondations ou des ouragans dévastateurs représente un coût assurantiel élevé. Ces recommandations avaient été adressées aux banques ayant plus de 100 milliards de dollars (86 milliards d’euros) d’actifs.
« Courte vue »
Les agences de régulation américaines estiment que « les principes de gestion des risques financiers liés au climat ne sont pas nécessaires, car les normes de sécurité et de robustesse existantes imposent à toutes les institutions supervisées de mettre en place une gestion des risques efficace, adaptée à leur taille, à leur complexité et à leurs activités », selon leur communiqué commun. « En outre, toutes les institutions supervisées sont tenues d’examiner et de traiter de manière appropriée tous les risques financiers importants et doivent être résilientes face à toute une série de risques, y compris les risques émergents », est-il ajouté.
Dans le détail, au conseil des gouverneurs de la Fed, cinq membres ont voté pour le retrait des recommandations, une s’est abstenue (la gouverneure Lisa Cook) et un a voté contre. Il s’agit de Michael Barr, l’ancien vice-président de l’institution monétaire, chargé de la régulation bancaire, qui avait porté ce changement, et avait annoncé sa démission de ce poste quelques jours avant le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, tout en demeurant gouverneur. Dans un communiqué séparé, M. Barr a regretté une décision « de courte vue qui rendra le système financier plus risqué alors même que les risques liés au climat augmentent ».
Sa remplaçante, Michelle Bowman, a fait part de ses fortes réserves sur les directives sur le climat qui, a-t-elle soutenu dans son propre communiqué, « ont eu pour effet de semer la confusion quant aux attentes des autorités de surveillance et d’augmenter les coûts et les charges liés à la conformité, sans améliorer de manière proportionnelle la sécurité et la robustesse des institutions financières ni la stabilité financière des Etats-Unis ».