A peine les mots tant attendus prononcés, les regards se sont tournés vers les bancs socialistes. Ce sont pourtant les mines défaites de leurs voisins du centre de l’Hémicycle qui ont été les plus révélatrices du revers encaissé par le camp présidentiel, mardi 14 octobre, lorsque le premier ministre a annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’en janvier 2028. Au sortir de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, la députée de Paris et ex-ministre déléguée aux entreprises Olivia Grégoire ne peut s’empêcher de lancer : « Entendre ce que l’on a entendu aujourd’hui quand on est macronistes, ça ne peut être que douloureux. »
Voilà dix jours que l’idée a soulevé un débat interne tortueux chez Renaissance, scindant en deux le groupe des députés : entre ceux prêts à une telle concession pour sortir de la crise politique – à l’instar d’Elisabeth Borne qui a pourtant porté la réforme – et ceux refusant de remettre en cause l’un de leurs totems.
Face à la menace d’une censure menant à la dissolution, Emmanuel Macron s’est lui-même résolu à abandonner une partie de son héritage, en laissant « carte blanche » à Sébastien Lecornu après l’avoir renommé à Matignon. Mais ni le changement de pied du président ni l’appel du premier ministre à trouver un financement alternatif à cette suspension – qu’il évalue à 400 millions d’euros en 2026 et à 1,8 milliard d’euros en 2027 – ne permettent d’effacer le sentiment d’amertume prégnant chez certains macronistes historiques.
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