Jusqu’au dernier moment, Camille Auclair a travaillé sur le puzzle d’un crocodile marin de près de 5 mètres de long, qu’elle aura mis « cinq mois pleins » à dégager partiellement de sa gangue de pierre. « Préparatrice naturaliste », elle s’est vu confier par le Musée de Lodève (Hérault) ce spécimen vieux de 180 millions d’années, sous la forme brute de plaques rocheuses : il fallait examiner leurs tranches pour y deviner la présence de l’animal. Elle l’a dégagé couche après couche « à l’aide de micropercuteurs à air comprimé et d’outils de sablage ».
Vendredi 10 octobre, avec Sébastien Enault, cofondateur de leur société Kraniata, elle a minutieusement assemblé les 27 pièces, faisant apparaître un animal aux ossements légèrement déformés par un long sommeil géologique. « Il est dans un état de conservation et de complétude exceptionnel, se réjouit Sébastien Enault. C’est l’une des pièces les plus extraordinaires qui nous sont passées entre les mains. »
D’ordinaire, ils traitent essentiellement des animaux actuels, pour le compte de musées ou de laboratoires, comme récemment une girafe, un crâne de baleine ou encore un petit dauphin à deux têtes. Un travail qui nécessite de libérer le squelette de son enveloppe de peau, de chairs et de viscères : il faut avoir le cœur bien accroché. « On finit par s’habituer à l’odeur, différente pour chaque espèce », assure Sébastien Enault. Pour les plus petits animaux, comme les rongeurs, des coléoptères nécrophages dont ils font l’élevage sont précieux pour nettoyer les os les plus fins sans les dégrader.
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