Le parquet de Toulon a ouvert une enquête préliminaire après la révélation par Var-Matin du nom de la commune de résidence de la députée du Rassemblement national (RN) Laure Lavalette, qui voit dans cette information une menace pour sa sécurité.
L’élue du Var porte plainte pour diffusion d’informations relatives à la vie privée, permettant de la localiser aux fins de l’exposer ainsi que sa famille à un risque direct. L’enquête préliminaire a été est ouverte « afin de déterminer si les éléments constitutifs de l’infraction sont caractérisés et, le cas échéant, en identifier les auteurs », a dit à l’Agence France-Presse (AFP) le procureur de la République de Toulon, Raphaël Balland. L’information a initialement été révélée par Mediapart et Le Canard Enchaîné.
Dans un article du 3 octobre, Var-Matin écrit que le sénateur Michel Bonnus (Les Républicains, LR) candidat déclaré pour les municipales à Toulon, et Laure Lavalette, candidate pressentie, « n’habitent pas dans la ville convoitée ». Or la députée avait expressément fait savoir à la direction du journal « qu’elle ne souhaitait pas qu’on écrive où elle habitait », selon son entourage, interrogé par l’AFP.
« Depuis deux ans, Laure Lavalette reçoit des menaces de mort, de violences, de viol. Début 2025, à la suite d’une énième intrusion dans son impasse, elle a décidé avec son mari de quitter l’aire urbaine de Toulon pour déménager dans un village au-dessus », ajoute cette source.
« Une cible sur la tête de mes enfants »
Peu après la publication, le nom de la commune est finalement retiré. Selon un échange de SMS consulté par l’AFP, le directeur des rédactions de Nice-Matin, Denis Carreaux – qui va quitter le groupe mais sans lien avec cette affaire –, lui précise qu’il a fait opérer cette correction, s’excusant que la consigne n’ait pas été respectée. « Vous venez de coller une cible sur la tête de mes enfants », estime la députée dans cet échange.
Le préfet du Var, Simon Babre, également sollicité par Laure Lavalette, est intervenu auprès du journal pour insister « sur la nécessité de ne pas divulguer d’information à caractère personnel concernant la domiciliation des élus, ou d’informations trop précises permettant de les localiser, a fortiori lorsque ces informations concernent des élus ayant déjà fait l’objet de menaces », a-t-il dit à l’AFP.
Le syndicat national des journalistes (SNJ) estime, de son côté, qu’il s’agit d’une nouvelle « tentative d’intimidation de l’extrême droite contre nos titres, dans un contexte tendu des municipales » citant des exemples passés comme le « boycott par Laure Lavalette d’un plateau en raison de la présence d’un confrère qui déplaît ».
En mai, la députée avait qualifié le journal de « Var Mytho » dans un tweet à l’occasion de la publication d’un sondage, parlant d’une « haine » à son égard. Mais selon son entourage, les griefs de la députée sont liés à un seul journaliste du quotidien.