« Nous devons rendre plus transparente l’ampleur de l’effort militaire français »

Les pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ont pris l’engagement, en juin, de porter à 5 % la part de leur produit intérieur brut consacrée à la défense d’ici à 2035. Du coup, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a relancé en août le projet controversé de pont enjambant le détroit de Messine [qui sépare l’Italie continentale de la Sicile]. Pour comprendre le rapport entre ces deux événements, il faut revenir sur la nature de l’engagement pris par l’Italie comme la France au sein de l’OTAN.

La cible de 5 % n’obéit pas à une logique militaire, mais à une politique d’alignement sur le niveau américain pour complaire au président Donald Trump. Ces 5 % comportent 3,5 % de dépenses directes mais aussi 1,5 % de dépenses liées à la défense et à la sécurité. Ces dernières sont, selon l’OTAN, « des investissements dans le but notamment de protéger leurs infrastructures critiques, de défendre leurs réseaux, d’assurer la préparation du secteur civil et la résilience, de libérer le potentiel d’innovation et de renforcer leur base industrielle de défense ».

Le coût du pont relèvera en partie de cette seconde catégorie, sachant que la Sicile concentre quatre bases militaires, dont une de la Navy. L’Italie a aussi inscrit son projet dans le plan de mobilité militaire européen. A l’instar du pont du détroit de Kertch – ou pont de Crimée –, clé dans le conflit ukrainien, il est difficile de nier son intérêt militaire.

En France, de nombreuses aides publiques soutiennent des industries qui joueraient un rôle essentiel en cas de conflit majeur – comme la sidérurgie, l’automobile, le textile, la pharmacie ou le matériel médical. Ces secteurs peuvent être rapidement réorientés vers la production d’équipements militaires, contribuant ainsi au renforcement de la base industrielle de défense. Au total, la France doit probablement déjà remplir l’objectif de 1,5 %.

Définition inspirée des Etats-Unis

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