L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR
Pour cette année 2025, Arnaud Desplechin aura joué la carte du déplacement. Après Spectateurs !, sorti en janvier, qui s’essayait à une forme hybride entre la fiction et l’essai, afin de raconter une vie intimement liée au cinéma, Deux pianos voit le réalisateur poser pour la première fois sa caméra à Lyon, loin de Paris et de Roubaix (Nord), sa ville natale, qui ont occupé une place majeure dans sa filmographie. Arnaud Desplechin semble ici moins intéressé par la sociologie provinciale que par un certain charme esthétique et une géographie très fonctionnelle. De la capitale des Gaules, le film montre quelques lieux emblématiques – le parc de la Tête-d’Or, les deux cours d’eau qui la traversent, l’auditorium − et d’autres plus communs − appartements, squares, rues, bars −, dessinant des espaces disparates dans lesquels les personnages sont amenés à se croiser.
L’intrigue prend elle aussi pour point de départ un déplacement : le retour de Mathias Vogler (François Civil), prodige du piano devenu « simple musicien », dans la ville où il a rencontré ses premiers succès, après des années d’exil à l’étranger. Là, il retrouve sa mentor, la perfectionniste Elena (Charlotte Rampling), qui l’a convié à l’accompagner sur scène pour une série de concerts. A Lyon, il croise également par hasard dans un square un enfant, tel un fantôme de celui qu’il a été, et, à la sortie d’une soirée, Claude (Nadia Tereszkiewicz), la femme dont il a été terriblement amoureux, en couple avec Pierre (Jérémy Lewin), un de ses meilleurs amis. Autant de rencontres qui amènent Mathias à se retourner sur un passé douloureux, le plongeant dans des états éthyliques avancés et de grands questionnements existentiels.
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