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Mercredi 4 juin, un ballet de berlines sombres déverse des légions d’hommes en costume devant le chic hôtel Clarion Congress de Prague. Ils sont venus pour l’ISS World, la grand-messe européenne de la surveillance : pendant trois jours, policiers et officiers des services de renseignement du monde entier viennent faire leur marché auprès de vendeurs de logiciels espions en tous genres.

Sur le petit stand de l’entreprise First Wap, la discussion va bon train. Günther Rudolph, le responsable autrichien des ventes de la société, a loué un espace à deux pas de ceux des poids lourds de la cybersurveillance, comme Rayzone Group ou NSO Group. Il pense avoir ferré un prospect : un Français qui se présente comme intermédiaire d’un client au Niger, dont les intérêts dans les mines du pays sont menacés par des activistes qu’il souhaiterait espionner.

« Le problème, c’est la licence d’exportation, c’est ça ? Pour ça, on peut trouver une solution », assure le commercial, avant de faire l’article d’Altamides, l’outil phare de First Wap : une plateforme permettant de géolocaliser n’importe quel téléphone en temps réel, et même de prendre le contrôle d’un compte WhatsApp. Seul problème : le client potentiel est un journaliste de Lighthouse Reports, sous couverture et équipé d’une caméra cachée, qui enquête depuis des mois sur First Wap, l’une des plus anciennes entreprises de cybersurveillance en activité.

Lire l’entretien | Article réservé à nos abonnés « Les spécialistes en cybersécurité ne sont pas tous des hommes en sweat à capuche »

Le projet Surveillance Secrets, mené par Lighthouse Reports et auquel ont participé 14 rédactions, dont Le Monde, lève le voile sur cette PME commercialisant depuis vingt ans des outils de surveillance dans le monde entier. Des données de ciblage obtenues par Lighthouse Reports montrent que le logiciel de First Wap a été utilisé pour cibler au moins 14 000 numéros de téléphone dans 168 pays depuis 2007, dont des journalistes, des avocats, des cadres de grandes entreprises, des militaires, des entrepreneurs et des artistes, souvent dans l’illégalité la plus totale.

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