Les arbres du genre Ficus, ou figuiers, comptent entre 800 et 1 000 espèces différentes. « A chaque espèce correspond son espèce de microguêpe pollinisatrice », rapporte Finn Kjellberg, chercheur émérite au CNRS. Toutes ces guêpes appartiennent à la famille des agaonidés, tel le blastophage, spécifique au figuier méditerranéen commun, Ficus carica.
L’alliance entre chaque duo, l’arbre et l’hyménoptère, confère aux deux complices des bénéfices réciproques qui conditionnent leur survie. A l’insecte, la figue fournit le gîte et le couvert ; à l’arbre, l’insecte apporte son aptitude unique à le polliniser. « C’est une histoire de coévolution, raconte Finn Kjellberg. Quand on dessine l’arbre généalogique des Ficus et de leurs insectes pollinisateurs, leurs ramifications se superposent étroitement. » En clair, quand une espèce de figuier s’est divisée en deux espèces, la microguêpe pollinisatrice qui lui est associée s’est aussi divisée en deux espèces.
Mais à quelle période ce pacte s’est-il noué ? Les dates-clés de ces arbres généalogiques, notamment leur origine et leurs ramifications, ont été estimées par l’horloge moléculaire, qui consiste à comparer les séquences d’ADN du génome de ces espèces vivantes. Résultat, « le mutualisme des Ficus et de leurs microguêpes remonterait à quelque soixante-quinze millions d’années », note M. Kjellberg. Celui entre Ficus carica et le blastophage, lui, serait apparu voici quarante millions d’années.
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