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Histoires Web samedi, octobre 11
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L’idée paraissait étrange : proposer à Agnès Thurnauer d’exposer dans et avec les collections du Musée Cognacq-Jay à Paris, tout entier consacré au XVIIIe siècle français – peinture, sculpture et arts mobiliers. Il semblait douteux que des correspondances puissent s’établir entre la peinture et la sculpture de l’artiste contemporaine, souvent abstraites et, plus souvent encore, fondées sur les mots, et Boucher (1703-1730) et Fragonard (1732-1806). Or c’est ce qui se passe : les œuvres de Thurnauer, accrochées à proximité immédiate de celles du temps de Louis XV et Louis XVI, leur font écho et les font voir autrement que d’ordinaire. Elles attirent le regard et la réflexion sur des points qui, sans elles, risqueraient de passer inaperçus.

C’est le cas, dès le début, avec une salle longue et étroite au fond de laquelle est un paysage vénitien de Canaletto (1697-1768) exécuté vers 1730 avec tout ce qu’il faut de façades au soleil et de gondoles sur le canal de Santa Chiara. Autant dire un Canaletto de série, conforme aux attentes des amateurs du védutiste. Mais il y a au-dessus de la ville le ciel, qui occupe près de la moitié de la toile et, dans ce ciel d’un azur pâle, des nuages blancs. Ces derniers relèvent de l’improvisation du peintre. Ses gestes ont déterminé leur taille, leur forme, leur densité. Ils sont, dans cette œuvre si contrainte par ailleurs, sa seule part de liberté.

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