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Histoires Web vendredi, octobre 10
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Cédric Jubillar, accusé du meurtre de sa femme Delphine, a affirmé vendredi 10 octobre n’avoir « jamais levé la main » sur elle, insistant une nouvelle fois sur son innocence en ouverture de son interrogatoire récapitulatif devant les assises du Tarn.

« Je ne l’ai pas tuée, c’est la certitude », a déclaré l’accusé, reconnaissant être impulsif, nerveux mais sans aller jusqu’à des violences physiques. « Je n’ai jamais levé la main sur Delphine », a-t-il insisté. « Je redescends aussi vite que je monte dans les tours », a notamment expliqué le peintre-plaquiste de 38 ans, vêtu d’un pull gris, reconnaissant uniquement avoir pu se montrer physiquement violent avec son jeune fils, Louis.

Dans son box, souvent agité de mouvements nerveux, se grattant le crâne et le cou, il formule des réponses le plus souvent courtes : de nombreux « tout à fait », des « peut-être mais je ne me rappelle pas de cet épisode » ou des « pas du tout » au fil des questions de la présidente de la cour, Hélène Ratinaud. Celle-ci a annoncé un interrogatoire découpé en une dizaine de thèmes, qui allait se poursuivre durant « une grosse partie de la journée de lundi ».

Invité par l’un des deux avocats généraux à s’exprimer sur Delphine et sur sa relation avec elle, M. Jubillar a répondu : c’était une « femme aimante que j’ai aimée et puis voilà ». Oui, il la traitait de « salope », mais « c’est un mot que j’emploie souvent, j’ai toujours été un vulgaire personnage », a-t-il dit, affirmant avoir « un humour un peu noir, un peu cru ».

Cédric Jubillar a par ailleurs reconnu qu’il pouvait rabaisser son épouse mais « je rabaissais tout le temps tout le monde, c’est mon tempérament », a-t-il dit, estimant que ce comportement de « bad boy » avait pu plaire à sa femme au début. « A la fin, ça l’a saoulée », a-t-il ajouté.

Jusqu’ici Cédric Jubillar n’a été interrogé que ponctuellement sur certains éléments. « Je ne crains pas le faux pas d’un innocent », a affirmé son avocat Alexandre Martin, au sujet de la perspective de son long interrogatoire. La défense l’a bien « préparé », a de son côté souligné Mourad Battikh, avocat d’une partie civile, qui ne croit pas « qu’il passera aux aveux » vendredi. « Il a des réponses mécaniques depuis le début de ce procès », a-t-il dit, « il y a très peu de chances qu’il change de couloir de nage ».

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Cédric Jubillar a pu se sentir « rabaissé »

Plus tôt vendredi, la cour a longuement écouté le rapport et les réponses d’un psychologue qui a rencontré cinq fois M. Jubillar en détention et est revenu sur l’état d’esprit de l’accusé au moment de la disparition de son épouse, en 2020.

« Il lui est difficile de se sentir rabaissé, ça le fait souffrir », a expliqué ce psychologue, soulignant qu’il avait pu éprouver cette « sensation de rabaissement » dans les semaines précédant la nuit du 15 au 16 décembre 2020, une analyse sur laquelle l’avocat général Pierre Aurignac et les avocats des parties civiles se sont attardés, cherchant à établir un lien entre cet état d’esprit et un potentiel passage à l’acte.

« Lui, il s’est senti pris pour un con », a appuyé l’expert, estimant notamment que le « rejet » symbolisé par le potentiel départ de sa femme pour un autre homme pouvait « faire ressortir les douleurs du ressenti d’abandon » de l’accusé, liées à son enfance chaotique, faite de placements en famille d’accueil et de forte instabilité affective.

Le psychologue a fait référence à un adage breton (« Quand on n’a rien, on n’est rien ») pour expliquer que M. Jubillar, accusé du meurtre de sa femme, avait pu se trouver au moment des faits dans une « angoisse d’anéantissement » personnel, ce qui « peut amener au passage à l’acte ». Mais il s’agit d’« hypothèses » et non d’« affirmations », a-t-il nuancé à l’adresse des jurés.

« Je suis le coupable idéal »

Menaces de mort avant la disparition, confidences après, les auditions à charge se sont multipliées ces derniers jours devant les assises d’Albi, à commencer par celle de sa propre mère. Mercredi, elle est venue rappeler une déclaration de son fils confronté à la dislocation de son couple : « J’en ai marre, elle m’énerve, je vais la tuer, l’enterrer et personne ne va la retrouver ».

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Jeudi, c’était au tour de ses anciennes petites amies de détailler les confidences qu’il leur aurait faites après la disparition de Delphine. Lors d’une visite au parloir au cours de l’année écoulée, Jennifer, 31 ans, a rapporté : « Il m’a dit : “Je l’ai étranglée” », allant jusqu’à mimer sur lui puis sur elle « la clé de coude » qui aurait causé la mort de Delphine Jubillar, née Aussaguel. Sa précédente compagne, Séverine, 48 ans, a dit que Cédric lui avait affirmé, « en rigolant », avoir enterré le corps « près d’une ferme qui a brûlé ».

« Des blagues », n’a cessé de justifier l’accusé, confronté à ces accusations, ainsi que celles rapportées par deux anciens codétenus appelés à la barre mercredi. « C’est un personnage qui, à un moment donné, quand on lui pose des questions qu’il estime être absurdes, à savoir, qu’est-ce que tu as fait de Delphine, va répondre par des choses absurdes qu’il met sur le compte de l’humour », a commenté son avocate Emmanuelle Franck. « Je suis le coupable idéal », a déclaré jeudi l’accusé au dernier jour de cette accumulation de témoignages. « C’est l’effet des médias, j’ai été condamné avant même le procès », a-t-il estimé.

Le Monde avec AFP

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