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Histoires Web jeudi, octobre 9
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Livre. Il n’est jamais trop tard pour faire l’objet d’une première biographie. A 64 ans, Bruno Retailleau peut se dire qu’il a enfin droit à cet hommage. Grande reporter au service Politique du Point, Nathalie Schuck signe un portrait aussi intimiste que politique du ministre de l’intérieur (démissionnaire) avec Le Cardinal (Robert Laffont, 240 pages, 20 euros), surnom donné au président des Républicains (LR) par l’ancien maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (1939-2024). Au-delà de l’allusion à la foi catholique revendiquée du Vendéen, le titre renvoie à l’attrait que le pouvoir exerce sur lui. Chez le nouvel homme fort de la droite, cette ambition a longtemps été contrariée, lui qui a été perçu comme un éternel second dans l’ombre de Philippe de Villiers puis de François Fillon.

Avec un luxe de détails et d’anecdotes, Nathalie Schuck raconte l’ascension d’un moine-soldat « qui se lève et se couche politique », comme le décrit un de ses proches. Pour comprendre le phénomène Retailleau, elle retrace le parcours d’un élu « pris à tort pour un notable de l’Ouest sans aspérité, sous ses airs de prélat aux fines lunettes cerclées ». Les premiers chapitres prennent l’aspect d’un roman d’apprentissage vendéen. On suit le jeune Retailleau cavalier au Puy du Fou, rêvant d’un destin de préfet, mais qui s’épanouit comme homme de médias et de spectacle dans le sillage de Philippe de Villiers. Metteur en scène de la Cinéscénie, animateur sur Alouette FM, directeur d’une école communication, réalisateur d’un clip de Didier Barbelivien, le futur sénateur de Vendée a eu plusieurs vies avant la politique.

Lire aussi le portrait | Article réservé à nos abonnés Bruno Retailleau, l’idéologue de la Place Beauvau

Pour percer le mystère de ce bavard pudique, sa biographe a pu s’entretenir de nombreuses heures avec lui. On découvre un Bruno Retailleau aux multiples facettes. D’une grande prévenance, il est capable de colères terribles. Ambitieux, il a toujours besoin d’être poussé pour partir au combat. En deux décennies passées au Sénat, l’idéologue a appris l’art du compromis. Mais le naturel revient vite au galop. De la Place Beauvau, il tempête contre l’immigration (qui ne serait « pas une chance pour la France »), ulcère la gauche et assume de prendre l’opinion à témoin, persuadé que la France n’a jamais été aussi à droite. « Les temps qui viennent n’appellent pas l’eau tiède », dit-il.

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