Dans la nuit du 9 au 10 septembre, une vingtaine de drones russes ont franchi la frontière de la Pologne, pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le caractère intentionnel ou non de cette attaque reste à déterminer : d’une part, la Biélorussie a informé la Pologne du mouvement des drones, comme l’a indiqué le chef d’état-major polonais, d’autre part, l’OTAN n’a pas été en mesure de le confirmer après intégration des données de brouillage ukrainiennes.
Néanmoins, rien de tout cela ne serait arrivé si la Russie ne menait pas une guerre d’agression en Ukraine : elle en porte la responsabilité. La réponse opérationnelle alliée a été efficace et coordonnée et a permis la destruction des cibles non tombées. Elle a été suivie d’une invocation de l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord par la Pologne, processus classique de consultation face à tout incident sérieux, puis de l’annonce d’une nouvelle opération intitulée « Sentinelle orientale » visant à nouveau à renforcer la protection du flanc est de l’OTAN.
Quel est le problème de cette séquence ? D’abord, elle a complètement éclipsé la plus importante attaque aérienne russe sur l’Ukraine survenue depuis le début de la guerre, avec l’emploi de 810 drones et leurres le 7 septembre. Ensuite, la réponse des alliés de l’OTAN est en décalage avec la réalité de la guerre moderne telle qu’expérimentée en Ukraine : depuis le début de l’année 2025, la Russie a lancé 37 000 drones et missiles sur l’Ukraine, lesquels ont été abattus à hauteur de 88 % par effet de tirs ou de brouillage.
Depuis le mois de mai, ce sont en moyenne 185 drones par jour qui s’abattent sur l’Ukraine. La Russie devrait être capable de produire 60 000 drones en 2026. Cela soulève deux interrogations : pourquoi la Pologne n’est-elle pas en mesure d’arrêter 20 drones à elle seule ? L’OTAN a-t-elle l’intention de lancer une opération à chaque nouvelle violation de son espace aérien ?
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